faites cet extrait, répandez-le tant qu’il vous sera possible, privément, et par les membres de votre Société aux membres des Sociétés de divers lieux, afin d’arrêter, s’il est possible, l’effet du poison qui consume l’empire.
Les Jacobins ne pourront se soutenir, la faction des Feuillants s’est emparée de toute l’Assemblée, à très peu près, qui même sont en délibération de s’y joindre, du moins pour observer.
Votre imprimé ne subira pas une nouvelle édition, du moins nous voulons l’arrêter ; le moment n’est pas heureux ; le nom de « républicain » est donné pour synonyme de scélérat et de quiconque veut le trouble ou l’a excité. Je ne crois pas que vous deviez venir ici[1] ; vous ne pourriez ni vous abuser sur l’état des choses, ni, peut-être, renfermer les expressions de douleur de votre patriotisme ; dès lors vous seriez exposé ; restez avec vos frères, puisque vous avez le bonheur d’en avoir.
On a assassiné, cette nuit, deux personnes vêtues en gardes nationales ; est-ce l’effet de l’horreur qu’ont inspirée les excès auxquels on les a poussés ? On se perd dans les soupçons, et la vérité ne peut être qu’affreuse. Nous venons de tenir conseil pour savoir s’il faut que Lant[henas] parte et s’absente, ayant été désigné ; il veut demeurer, attendre et faire tête à l’orage.
On fait au Comité de constitution des adresses louangeuses qu’on fait adopter ensuite et expédier par des directoires et des gardes nationales de départements ; mais ce qui exprime le vœu de citoyens libres et généreux est tenu dans l’oubli du silence. On arrête beaucoup de personnes et jamais le despotisme n’offrit un appareil plus redoutable que celui qui s’offre dans toutes les parties de cette capitale.
- ↑ Bancal se préparait à venir à Paris apporter les réclamations des « citoyens libres » de Clermont contre le décret qui ajournait les élections. « Il provoque, le 19 juillet, une nouvelle réunion des membres de la Société populaire et des citoyens patriotes de Clermont-Ferrand ; et là, il se fait donner une délégation expresse avec mission d’aller à Paris présenter à l’Assemblée nationale une seconde pétition plus explicite et plus énergique que la première [celle du 14]. Suit le texte de la délibération et de la pétition (Mègre, p. 42-43.) — Le 28 juillet, il se présenta à la barre de l’Assemblée, qui, après avoir entendu la pétition, puis « un violent réquisitoire » de Biauzat contre les pétitionnaires et leur délégué qualifiés par lui d’intrigants, vota le renvoi au Comité des recherches « pour en faire punir les auteurs ».(Ibid) Il est vrai que, le 13 août, à la demande de Biauzat lui-même, elle rapporta un décret. (Voir les pièces de l’affaire dans Mègre, p. 179-190.) — C’est ce voyage de Bancal à Paris qui explique l’interruption de la correspondance entre le 22 juillet et le 30 août.