valle, du côté du savoir, que je n’aurais peut-être fait durant longtemps ; quelle tête étonnante et comme elle est meublée ! Mais la philosophie et l’érudition n’ont pas nui à la gaîté ; on ne peut dire plus de folies sans en faire et mêler plus plaisamment la raison, les grâces et l’aimable abandon. Nos voyageurs et l’incognito en particulier ont été assez étonnés et fort joyeux de leur rencontre ; le vieux papa, M. Guéraud, ci-devant de Gazier, nous a témoigné la plus grande envie de nous retrouver, et son fils a presque arrangé son retour avec Mme Gd. Chp., au cas quelle partît pour Paris à la même époque. Quant à l’incognito qui va à Lyon pour quinze jours ou pour trois mois, qui, peut-être, passera à Genève incessamment et sera cet hiver à Paris, à qui j’ai dit, au moment des adieux, que j’aurais été bien aise de te rappeler une personne que, sans doute, tu avais vue avec plaisir, il m’a répondu que certainement il me reverrait. Mme Gd, Ch. avait présumé un moment que ce pouvait être un ci-devant religieux, parce que la théologie, l’Écriture et les Pères lui paraissent aussi bien connus que les historiens et les poètes anciens et modernes ; d’autres aperçus ont changé les conjectures, sans nous y faire voir plus clair ; c’est un homme de plus de trente ans.
Je suis toujours plus aise de l’arrangement qui me procure la société de Mme Gd. Chp. et je lui sais infiniment de gré de son voyage. C’était une entreprise pour sa santé, pour l’interruption de ses travaux et de ses relations ordinaires ; je désire beaucoup que tu la connaisses davantage ; il n’y a pas une seconde tête de femme de cette force-là.
J’oubliais de te parler de la jeune femme avec son petit enfant ; pour comble de singularité, elle demeure à Thésée ; c’est une veuve bien élevée, douce, aimable, musicienne et tendre mère, avec peu de fortune, qui a imaginé de louer une bicoque à Thésée pour y vivre dans la solitude jusqu’à l’arrangement de quelques affaires.
Je n’ai rien entendu dire dans les auberges, je ne sais pas le plus petit mot des affaires publiques ; je me suis contentée, faute de mieux, de laisser partout des brochures qu’on aura trouvées après mon départ. Les maîtres des auberges ne savent et ne veulent que leurs petits inté-