Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1218

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rendre, nous à la campagne, lui à Lyon, où il va aider le parti patriotique dans la formation du directoire, c’est un devoir à remplir, et il ne peut être négligé[1].

Je vous dirai que je n’ai pas entendu sans étonnement que plusieurs membres du Conseil de la commune étaient scandalisés du retour de mon mari, qu’ils le jugeaient presque indifférent aux intérêts de la ville, puisqu’il avait été délibéré qu’il continuerait de les suivre auprès de la nouvelle législature. J’ai répondu que cette délibération était une nouvelle pour moi ; on m’a répliqué que vous aviez été chargé de la communiquer ; j’ai juré mes grands dieux que vous n’en aviez rien fait, parce que mon mari m’avait mandé à peu près dans quels termes vous lui aviez écrit, et qu’il n’y avait vu que l’abandon de la question à sa délicatesse. On a fait des exclamations sans nombre. J’ai ajouté tout aussi résolument que je ne voyais là qu’un malentendu qui, pour moi, n’élevait aucun nuage sur votre amitié, parce que je la jugeais aussi bien que je la sentais, et qu’avec une âme on ne se trompe pas en telle matière.

Depuis mon retour, j’ai désiré voir les dernières lettres de la correspondance ; j’ai bien retrouvé votre expression modérée qui me prescrit rien de déterminé ; mais, très postérieurement, est une lettre de la municipalité, qui mentionne cette délibération ; il s’est trouvé qu’elle a été retardée de dix ou douze jours, que notre ami la reçut à la veille de son départ, et que, dans sa préoccupation, il n’en calcula peut-être pas toute la force. Au reste, si le même jugement subsiste, il est prêt à retourner, sans égard à un voyage que ses affaires ont occasionné.

Je ne vous ai point encore appris que les inspecteurs sont supprimés, sec et net[2], sans qu’on ait fait mention de retraite ou d’indem-

  1. Le directoire du département ne fut renouvelé que les 15 et 19 novembre et les nouveaux membres furent constitutionnels comme leurs prédécesseurs, c’est-à-dire peu favorables au parti de Roland.
  2. Les inspecteurs des manufactures. — Voir Mém., t. I, p. 66-67 : « L’un des derniers actes de la Constituante fut la suppression des inspecteurs ». — Cf. décret du 27 septembre 1791, portant suppression de toutes les chambres de commerce existant dans tout le royaume… Art. s : « Les commissions données aux préposés chargés du service desdits bureaux, ainsi qu’aux inspecteurs et