Adieu ; peu de jours encore jetteront de grandes lumières sur le sort de la capitale, d’où la sagesse voudrait peut-être qu’on sortît le Gouvernement ; mais il est déjà trop tard pour cela même. Washington fit bien déplacer le Congrès, et ce n’était point par peur[1].
Nous sommes sous le couteau de Robespierre et de Marat ; ces gens-là s’efforcent d’agiter le peuple et de le tourner contre l’Assemblée nationale et le Conseil. Ils ont fait une Chambre ardente ; ils ont une petite armée qu’ils soudoient à l’aide de ce qu’ils ont trouvé ou volé dans le château et ailleurs, ou de ce que leur donne Danton qui, sous main, est le chef de cette horde. Croiriez-vous qu’ils avaient lancé un mandat d’arrêt contre Roland et Brissot, comme suspects d’intelligence avec Brunswick[3], et qu’ils n’ont été retenus que par une sorte de crainte ? Ils s’en sont tenus à vouloir mettre les scellés sur leurs papiers, mais, dans leur recherche inquisitoriale parmi ceux de Brissot, ils ont été honteux de ne rien trouver que de contraire à leurs prétentions. Ils n’ont osé apposer les scellés, ni se rendre chez Roland et Guadet[4] ; ils se sont contentés d’emporter les lettres en anglais qu’ils n’avaient pu entendre. S’ils eussent exécuté leur mandat d’arrêt, ces deux excellents citoyens auraient été
- ↑ Voir, sur ce projet de transférer le gouvernement hors de Paris, tous les historiens de la Révolution, et en outre le discours de Fabre d’Églantine aux Jacobins, du 5 novembre 1792 (Aulard, t. IV, p. 402 ; cf. Buchez, XX, 238).
- ↑ Lettres à Bancal, p. 346 ; — ms 9535, fol. 181 bis-182.
- ↑ Sur ce mandat d’arrêt lancé contre Roland, le 4 septembre semble-t-il, par le Comité de surveillance de la Commune de Paris, les témoignages surabondent. C’est Danton qui le fit déchirer.
Le mandat d’arrêt contre Brissot est fort vraisemblable, mais il y a moins de témoignages. Nous avons du moins celui de Brissot (Mém., t. IV, p. 299) : « Un mandat d’arrêt ce jour même du 21 [lire 2] septembre, mandat réduit ensuite à un simple examen de papiers… »
- ↑ C’est la première fois que nous rencontrons le nom de Guadet, député à la Législative, puis à la Convention, guillotiné à Bordeaux le 19 juin 1794. Dès son arrivé à Paris, il s’était fait recevoir à la Société des Jacobins (Aulard, t. III, séance