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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1276

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annuler. S’ils vous sauvent demain, ce sera d’eux-mêmes et en bravant la discipline[1].

En vérité ! je m’ennuie de ce monde ; il n’est pas fait pour les honnêtes gens, et l’on a quelque raison de les en déloger. Adieu, brave citoyen, je vous honore et vous aime de tout mon cœur. Je vous écrirai dans quelques jours, si la tempête ne nous a pas engloutis. Dans le cas contraire souvenez-vous de ma fille et de nos deux projets ; elle a une excellente femme que j’ai fixé près d’elle et qui me supplée[2] ; elle se rendra près de son oncle à Villefranche, pour y suivre sa destinée, ayant de ses parents de bons exemples, quelque gloire, un excellent guide et une fortune honnête. Je vous embrasse bien affectueusement.


Roland, née Phlipon.

507

AU CHANOINE DOMINIQUE ROLAND, À VILLEFRANCHE[3].
25 décembre 1792, — [de Paris].

Dans l’incertitude des événements, mon cher frère, et l’impossibilité, au milieu de leur cours, de faire toutes les dispositions que nous pourrions désirer, je ne veux pas du moins manquer à vous adresser mes embrassements et mes adieux, à vous réitérer l’expression de ma confiance dans votre amitié pour Eudora, et vous témoigner mon estime pour sa gouvernante, Mlle Mignot, qui peut me remplacer près d’elle, qui ne doit plus la quitter, et pour laquelle nous vous prions de faire des arrangements qui mettent sa vieillesse à l’abri du besoin[4].

  1. Sur ce projet d’organiser en garde de la Convention les fédérés des départements réunis à Paris, voir le Procès-verbal de la Convention de 13, 16 et 17 janvier 1793.
  2. Mlle Mignot. — Voir la lettre suivante.
  3. Publié par Champagneux. Discours préliminaire, xli-xliii. — Reproduite par Dauban (Étude sur Madame Roland, p. cxlvii).
  4. Cette demoiselle Mignot semble être la même qui en 1791 (Tuetey, III, 5873-5874), s’intitulant « organiste du collège des Bernardins depuis trente-six ans aux appointements de 200 livres », sollicitait du Directoire du département de Paris une pension de même chiffre, par suite de la suppression du couvent. — Elle avait alors 53 ans. Or nous savons par la déposition faite le 7 novembre 1793 devant le tribunal révolutionnaire, par la demoiselle Mignot dont il est question dans cette lettre (Arch. nat., W. 294, dossier 227, cote 26), qu’elle était déjà âgée de 55 ans [en 1793], ce qui correspond bien aux 53 ans, en 1791, de l’ancienne organiste des