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LETTRES DE MADAME ROLAND.

Saint-Dominique (Dauban, I, 279) et qui logeaient chez elles le vieil avocat Perdu, oncle des deux amies, nous ne savons rien en dehors de ce que nous apprennent les Mémoires (II, 119-124), et les Lettres Cannet (passim). Elles se ressemblaient peu ; l’une, « dévote atrabilaire » (Mémoires), « la grogneuse » (lettre du 12 décembre 1778) ; l’autre, « bonne personne » (Mémoires). L’une d’elles était morte vers la fin de 1779 (lettre du 2 mars 1780).

XII. Mlle d’Hangard, dont il est si souvent parlé dans les Lettres Cannet et qui se retrouve plusieurs fois au début de la correspondance que nous publions, était la parente des demoiselles de Lamotte, mais non (autant qu’il semble) de la famille Cannet.

« Elles avaient auprès d’elles une jeune personne, leur parente, dont elles se proposaient d’augmenter la petite fortune, pourvu qu’elle trouvât à épouser un gentilhomme » (Mémoires, II, 119).

Elle était fille de Pierre-François d’Incourt, chevalier, seigneur de Hangard et autres lieux, marié en 1742 à Marie-Jeanne Boitel, demeurant à Amiens, rue et chaussée de Noyon, paroisse de Saint-Michel, maire en charge de la ville d’Amiens du 25 septembre 1757 au 9 mai 1760, date de son décès (Janvier, Livre d’or de la municipalité amiénoise, p..279-280). Sa femme, qui lui survécut, mourut en 1783. (Lettres des 19 et 21 août 1783 : « Amiens pleure celle de ses habitants qui recevait le mieux du monde et qui tenait la seule maison ouverte de cette ville… » – Cf. lettre du 21 mars 1778 sur les vendredis de Mme Hangard.)

Nos renseignements nous font connaître quatre de leurs enfants : une fille, qui était restée à Amiens (lettre du 21 août 1783) ; deux fils, appelés l’un « de Metz », et l’autre « d’Abancourt » (Lettres Cannet, 13-19 novembre 1776, 21 juin 1777). L’un d’eux était instruit et avait une belle bibliothèque (lettres précitées et du 6 mars 1778). C’est l’un d’eux : Pierre-Antoine-François Dincourt, chevalier, seigneur d’Hangard, de Metz, d’Abancourt, etc. » qui reçut une assignation en 1789 pour les élections aux États-Généraux (Inv. Arch. de la Somme, B, 275) ; et enfin la fille que les demoiselles de Lamotte élevaient. Nous ignorons pourquoi sa mère la tenait éloignée d’elle ; lorsqu’elle alla à Amiens, au commencement de 1778, elle n’avait pas vu sa mère « depuis dix ans. » (lettre du 21 mars). Dans la maison des demoiselles de Lamotte, l’avocat Perdu lui rendait des soins ; mais elle aurait préféré son fils (lettres des 28 octobre et 12 décembre 1778). Lorsque la mort de sa mère la ramena à Amiens, elle déclina la recherche de M. de Vouglans ; « Il a demandé Mlle d’Hangard de Paris, qui n’en veut point et qui s’en rit » (lettre du 31 août 1783).