ils étaient marchands miroitiers dans la rue Montmartre, en face de la rue Plâtrière, près de la rue Ticquetonne (Mémoires, II, 214, Lettres Cannet, 19 août 1777). Ils n’avaient pas d’enfants (ibid).
Les Mémoires et la Correspondance nous les font amplement connaître : Trude, probe, rude, sans éducation, amoureux et jaloux de sa cousine en même temps que fidèle à sa femme, par religion et par droiture naturelle ; Mme Trude, « douce et sage », vraiment charmante avec son mélange de gaieté, de sensibilité, de goûts mondains et de dévotion régulière.
Enrichis par « le commerce de miroiterie qu’ils faisaient comme tous les Trude, de père en fils, depuis plusieurs générations », ils se retirèrent à la campagne, à Vaux, gros village sur la rive droite de la Seine, à 4 kilomètres de Meulan. Ils y étaient déjà en 1787 (voir la Correspondance, 18 novembre 1787, première lettre). C’est là qu’en 1791 Madame Roland, à peine revenue à Paris, alla voir sa cousine : « J’ai été, à sept lieues d’ici, visiter une digne, femme dont l’amitié fut chère à ma jeunesse, et qui, dans la simplicité des mœurs champêtres, exerce aujourd’hui mille vertus utiles à tout ce qui l’environne… » (Lettres à Bancal, 7 mars 1791). Il y eut l’année suivante des froissements dont nous ignorons la cause : « L’union des deux parentes n’éprouva quelque altération qu’à l’époque où Roland fut ministre, dit M. Barrière, dans une note des Mémoires (I, 235) qu’il a dû tenir de Bosc, très au courant de toutes ces affaires de famille. Mais on va voir que la réconciliation se fit bien vite. Par contre, Mme Trude finit par se séparer de son insupportable mari : « Cette petite Madame Trude, retirée à la campagne et divorçant aujourd’hui », écrivait Madame Roland au commencement d’octobre, 1793 (Mémoires, II, 235).
Trude s’était engagé dans la Révolution et était devenu maire de son village : il fut condanmé à mort et exécuté comme « contre-révolutionnaire » le 25 prairial an ii (13 juin 1794). Voir liste générale des individus condamnés par jugements, etc…, imprimés par ordre de la Convention nationale, 5e liste. Paris, 30 prairial an ii ; « Trude (Jacques-Louis), ancien miroitier, municipalité de Vaux, district de Mont-du-Bon-Air [Saint-Germain-en-Laye], Seine-et-Oise, Tribunal révolutionnaire, 25 prairial, contre-révolutionnaire ». — Cf. Wallon, Tribunal révolutionnaire, IV, 188. — C’est par erreur que la liste dit Jacques au lieu de Jean ; c’est aussi par erreur que M. Wallon a imprimé Truve pour Trude et a qualifié l’ex-miroitier d’'ancien maire de Meaux. C’est Vaux qu’il faut lire.
Il est probable que la pauvre Mme Trude ne survécut guère à son mari. En 1795, leur propriété de Vaux était revenue en héritage à la fille de leur cousine, à Eudora Roland, qui avait alors le fidèle Bosc pour tuteur. Le 29 brumaire an iv (20 novembre 1795). Bosc recevait du Beau-père de sa sœur aîné une lettre datée de Mantes, où nous lisons : « Nous espérions, citoyen et ami, vous donner de nouvelles marques d’attachement si vous étiez venu, avec votre pupille, aux vendanges à Vaux, et de là à Mantes, etc. » (collection Beljame). — Voir aussi aux Papiers Roland, ms. 6241, fol. 91-92, une lettre datée de Vaux, 21 prairial an v (9 juin 1797) et qui paraît être de l’homme d’affaire du domaine