Le Mémoire des services de 1781 et les Inventaire des Archives locales, tant d’Amiens que de la Somme, nous fournissent une ample moisson sur le rôle de Roland à Amiens pendant les dix-huit années qu’il y passa (1766-1784).
Élevé à l’école des Trudaine, instruit d’ailleurs par une pratique incessante des affaires, il favorise en toutes circonstances la liberté de l’industrie et du commerce. Ce n’est pas un théoricien a priori ; il s’exprime durement sur les Économistes, sur « Quesnay et sa triste secte » (Dict. des manuf., III, 2-3). Sa doctrine est toute expérimentale, c’est uniquement de Trudaine et de Turgot qu’il se réclame, en un temps où tous deux étaient morts, et où il n’y avait aucun profit à les louer.
Dès les premières pages de son Dictionnaire des manufactures (t. I, Disc. prélim., p. xxv), il rappelle qu’au commencement du règne de Louis XV, et jusqu’au temps de l’administration de M. Fagon[1], les manufactures furent presque aussi négligées que vers la fin du règne de Louis XIV, « et c’est à M. Trudaine, l’un des plus grands administrateurs qu’ait eus la France, qu’est due leur restauration ».
Au tome II, page 248, à propos d’un mémoire adressé par lui à son administration, en 1762 : « Un magistrat, droit je ne citerai jamais assez la rectitude de jugement et les grandes vues d’administration, si, par les qualités de son esprit et de son cœur, il ne m’eût fait tant aimer mon état, et laissé de la perte de sa personne un souvenir si constant et si amer, M. Trudaine, accueillit mon mémoire et loua mon zèle, avec ce ton qui encourage et qui rend tout possible… ».
Et au tome III, Disc. prelim., p. lxi « Comme un génie tutélaire de l’industrie française parut M. Trudaine, dans l’administration de cette partie ; il calma les uns, imposa silence aux autres, éclaira et contint tout le monde ; et c’est sous l’administration de ce grand homme que les manufactures occupèrent ce haut degré de splendeur qui fera à jamais époque dans les fastes de notre industrie et de nos arts… ».
Il ajoute un peu plus loin, en parlant de Turqot, « l’ami et, j’ose le dire, le disciple de Trudaine[2]… ».