qu’un acte de correspondance. Une bonne partie de l’année se passa à voyager en France, ainsi qu’il nous l’apprend :
En 1772, je visitai les manufactures du Perche, tous les travaux de l’Épinglier, les toiles de Mortagne, les fabriques d’Alençon, ses points, la taille de ses diamants ; les fabriques du Maine, celles de Saint-Malo, de Morlaix et jusqu’à Brest : j’avais, dans une autre circonstance, visité la Touraine, l’Anjou, fait un long séjour à Nantes, et passé quelque temps à Rennes. Argentan, Vire, Saint-Lô, Caen, Lisieux, tous les établissements ou je n’avais pas été durant ma résidence en Normandie, furent observés comme l’avaient été les manufactures de Louviers, d’Elbeuf, de Darnetal, et de toute la Généralité de Rouen. Et partout les tanneries et autres travaux sur les peaux et sur les cuirs ; les papeteries ; les mines, leur exploitation, celles des charbons, des tourbières ; les fourneaux et ustensiles ; les verreries ; la culture, l’éducation du bétail ; la pêche, partie si importante et si négligée ; le commerce en tout genre…
En 1773, tout en s’occupant toujours de réprimer les abus qui entravaient l’essor des manufactures (Inv. Arch. de la Somme, C. 316), Roland s’attaque à une grosse question : les marchands d’Amiens, maître de l’antique juridiction consulaire, de la Chambre de commerce, sans parler de la municipalité de des offices royaux, maître de l’argent, écartaient avec un soin jaloux les fabricants, considérés toujours comme des artisans, formant une classe inférieure. Roland entame une campagne en faveur des fabricants :
Inv. des Archives de la Somme, C. 321. — Lettre de M. Trudaine à M. d’Agay, Intendant, lui mandant que le sieur Roland de La Platière, inspecteur des manufactures à Amiens, lui représente « qu’il serait nécessaire, pour les bien du commerce de cette ville, d’y relever l’état de fabricant qui y est avili et méprisé par les marchands qui se prétendent d’une classe supérieure. Il propose, pour moyen d’y parvenir, d’ordonner qu’à l’avenir il y aura toujours des fabricants tant à la juridiction consulaire qu’à la Chambre du commerce », le priant d’examiner cette proposition et de lui dire son avis. Paris, 16 juin 1773. — Lettre de l’Intendant à la Chambre du commerce lui faisant part de la proposition de M. Roland de La Platière, le priant d’y délibérer mûrement et de lui donner son avis. Amiens, le 27 juin 1773. — « Observations de la Chambre du commerce sur les représentations des fabricants tendantes à leur admission à la juridiction consulaire et à la Chambre du commerce. » Tout en se défendant du reproche de mépriser les fabricants et en reconnaissant leur utilité pour l’État, ils s’appuient sur les lois et sur l’usage des autres villes manufacturières pour s’opposer à l’admission de ceux-ci à la juridiction consulaire et à la Chambre du commerce, 13 juillet 1773. — Lettre des président et syndics de la Chambre du commerce à M. d’Agay, lui envoyant le précédent mémoire et offrant aux fabricants, comme moyen de parvenir à la juridiction consulaire et à la Chambre du commerce, de se faire agréger au corps des marchands. Amiens, 13 juillet 1773. — Réponse de l’Intendant à M. Trudaine, dans laquelle, reproduisant les arguments invoqués par la Chambre du commerce, il croit devoir repousser la demande des fabricants, qui ont, pour arriver à la juridiction consulaire et à la Chambre du commerce, la ressource de se faire agréger au corps des marchands, 6 août 1773.
Il semble que la résistance de l’Intendant, M. d’Agay, favorable aux marchands, ait momentanément arrêté l’affaire. Roland profite de cette trêve forcée pour aller faire un cinquième et long voyage, à moins que ce ne soit au contraire son voyage qui ait amené la