se montait à 200 livres. L’Intendant et Trudaine rejetèrent cette demande (Invent. des Archives de la Somme, C. 344. — juin-octobre 1776).
Roland partit enfin de Paris pour l’Italie le 8 août 1776, après avoir laissé à Marie Phlipon ses manuscrits et ses notes de voyage, « desquelles elle demeurait maîtresse s’il lui arrivait malheur » (Mémoires, II, 226). Cf. lettre à Bosc du 13 août 1784. — Il reste quelques-unes de ces notes au manuscrit 6244, copiées de la main de Marie Phlipon ; fol. 223, notes sur Avignon, Lodève, Béziers, Narbonne, etc. — fol. 230-231, sur Perpignan, — sur la Normandie et la Bretagne, etc…
Il avait promis à son amie de lui envoyer ses notes de voyage, au fur et à mesure qu’il les écrirait. — Nous ne pouvons, là-dessus encore, que renvoyer à notre Étude « Marie Phlipon et Roland ». Ajoutons seulement que nous trouvons, au manuscrit 6244, copiées de la main de Marie Phlipon, une partie de ces notes : fol. 227, notes datées du 16 août 1776, d’Olten, canton de Lucerne, — puis, fol. 227-229, des notes sur Turin.
Nous avons raconté son retour en France en septembre 1777, sa maladie en Beaujolais (octobre), — et sa rentrée à Paris, vers les premiers jours de janvier 1778. Uns seconde lacune de son copie-lettres, du 20 juillet 1776 au 10 novembre 1777, correspond à cette interruption de son service.
Ainsi que nous l’avons déjà dit ailleurs, tout était bien changé pour lui quand il revint d’Italie. Necker, à peine nommé directeur général des finances (29 juin 1777), avait supprimé les six Intendants des finances. Trudaine, dépossédé ainsi du pouvoir exercé par sa famille depuis 1744, mis à la retraite, était mort quelques semaines après (5 août 1777). Roland perdait son chef et son protecteur et retombait directement sous la main des Intendants du commerce, qui allaient réagir contre les doctrines de Trudaine et de Turgot.
Il pouvait cependant être fier des œuvres accomplies à Amiens, pendant dix ans (1766-1776), sous la direction de Trudaine. Laissons-le les énumérer lui-même.
J’avais attiré à Amiens, avec le secours du gouvernement, un blanchisseur d’étoffes en lin, qui manquait et qui y était nécessaire. J’avais fait naître et encouragé les fabriques de gazes, déterminé celles des rubans en soie, fais divers essais en draperies, travaillé pendant sept années consécutives, auprès de l’Administration, contre un corps puissant, et obtenu enfin la faculté d’avoir des moulins à fouler, à réviquer, une calandre à eau ; et d’autres établissements de ce genre. L’énorme contrebande en France d’étoffes rares d’Angleterre, et leur grande consommation dans l’étranger, me faisaient solliciter depuis trois ans la recherche des apprêts anglais, lorsque, après deux voyages faits à grands frais et inutiles, nous fixâmes ici un apprêteur de Londres très habile et qui y fait des merveilles.
J’avais, le premier, sans l’avoir jamais vue, rendu publique la mécanique à filer le coton, que nous perfectionnâmes considérablement ; je la répandis ; je la multipliai au point que nous en avons plus de quatre-vingts ; j’en ai fait passer dans les diverses provinces et jusqu’en Alsace.
Ce fut d’après ces travaux que je déterminai les nouvelles manufactures de velours de coton, les satinettes, les piqués, etc… En multipliant cet objet, j’ai cherché à le varier ; j’ai fait faire des velours de soie sur chaîne et trame de coton, essais qui n’avaient été tentés nulle part ; et j’ai moi-même fait faire à Lyon, et j’en ai rapporté les outils pour les fabriquer et les préparer.
J’avais aidé, de mon argent, l’établissement d’un teinturier en soie, et considérablement dépensé