La tante Madeleine Decourt avait été marchande, tenant boutique (lettres 27 et 31). La nouvelle mariée, sa nièce, avait eu pour parrain « Claude Lefebvre, garçon de boutique, et pour marraine Marie Dantin, qui a déclaré ne savoir signer son nom » (Arch. d’Amiens, ibid.).
François Sentier de Chuignes était trésorier de France depuis 1753. Il mourut en 1765, (Louvencourt.)
M. et Mme de Chuignes eurent deux enfants ; 1° Charles-François-Alexandre Sentier de Chuignes, conseiller au Parlement de Paris. 3e chambre des Enquêtes, le 22 avril 1785, qui fut porté sur la liste des émigrés sous la date du 13 septembre 1793 et radié le 1er janvier 1795 ; 2° Adélaïde Sentier de Chuignes, dont parle souvent Madame Roland, mariée an comte Gaston de Pollier de Vauvineux, capitaine des vaisseaux du Roi, divorcée, portée sur la liste des émigrés et radiée le 2 janvier 1795, le lendemain de la radiation de son frère. Les descendants de M. et Mme de Vauvineux existent encore.
Par où Roland était-il allié aux de Bray et par suite à Mme de Chuignes ? Il semble que ce soit par ses cousins de la Belouze et Anjorrant ; mais nous ne sommes pas en mesure de l’établir avec certitude.
III. M. et Mme Deu#1. Louis-Joseph Deu de Perthes, né à Châlons-sur-Marne, marié, le 17 octobre 1774, à Catherine-Charlotte-Éléonore Bernard de Mondars, était directeur général des fermes (gabelles, traites, tabacs et brigades) à Amiens#2. Il demeurait en face des Roland, c’est-à-dire rue du Collège. Certains passages de la Correspondance donnent à supposer que sa femme était parente des de Bray et des de Chuignes. Riche, instruit, grand amateur de livres, s’occupant d’histoire naturelle et particulièrement de botanique, il s’était vite lié avec Roland et avait fait le meilleur accueil à sa jeune femme. Quand les Roland eurent quitté Amiens pour Villefranche, il continua à correspondre avec eux et fournit diverses contributions au Dictionnaire des manufactures. Mais c’est surtout avec Bosc, dont les Roland lui avaient procuré la connaissance, que sa correspondance fut active ; le jeune savant et le riche amateur échangeaient des renseignements scientifiques et en vinrent bientôt, sentant l’approche de la Révolution, à parler des événements du jour. M. Alexandre Beljame, professeur à l’Université de Paris, petit-fils de Bosc, possède trente-quatre lettres de M. Deu à son grand-père, particulièrement intéressantes pour faire connaître l’état des esprits à Amiens en 1789. M. Deu y parle en royaliste, mais en royaliste sensé et d’esprit large. Il est aussi beaucoup question, dans cette correspondance, de Mme Daustel, sœur de M. Deu, et de son mari.
M. Deu devint membre de l’Académie d’Amiens, — de cette Académie où Roland n’avait pu se faire admettre, — le 11 janvier 1785.
Son emploi ayant été supprimé par la Révolution, il se retira à Boulogne-sur-Mer et dut de là passer à l’étranger, car il figure, vers la date du 11 prairial an iv = 30 mai 1796, sur la 7e liste des radiations définitives d’émigrés, imprimée en exécution de la loi du 25 brumaire an iii.[1][2]