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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1447

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Sous l’Empire, il redevint directeur des douanes à Amiens et quitta cette ville en 1811, pour aller exercer les mêmes fonctions à Rouen.

IV. M. Devin[1]. « François-Paul Devin Deservilles [ou des Ervilles], écuyer, receveur général des fermes [pour les traites et gabelles][2] », possédait en même temps, depuis 1766, la charge de secrétaire du Roi, dont il dut se défaire vers 1783. Il possédait et habitait une vaste maison dans la grande rue Saint-Denis, c’est-à-dire assez près des Roland et surtout de M. et Mme Deu.

Il était célibataire et en cette qualité rendait des soins à Mme Deu, sans que personne, ni mari, ni parents ou amis, semblât s’en émouvoir. « Il cavalière servante », « il cicisbeo », écrit couramment Madame Roland en parlant de lui. Il accompagnait Mme Deu dans ses voyages à Paris, et c’est dans un de ses voyages que, adressé par Madame Roland (lettres 76, 80, 82, etc), il se lia avec Bosc. Entre deux garçons, l’intimité dut bientôt très grande, ainsi que l’attestent les quatre lettres de M. Devin à Bosc qui subsistent dans la collection de M. Beljame.

De même que M. Deu, M. Devin était fort lettré. Lorsque les amis que Roland avait laissés à Amiens entreprirent d’y fonder (vers 1785), sous le nom de Musée, une société littéraire moins fermée que l’Académie picarde, société qui s’ouvrit aux fabricants. Delamorlière, Flesselles, etc…, c’est M. Devin qui accepta d’en être le secrétaire. Roland y vint revoir ses amis en juin 1786 et y prononça une sorte d’oraison funèbre, emphatique, mais sincèrement émue, du fils aîné de Delamorlière (ms. 9532, fol. 362-365). À son retour à Villefranche, il fit recevoir M. Devin parmi les associés de la petite Académie beaujolaise.

M. Deu terminait ainsi une lettre à Bosc, le 7 octobre 1789 : « Ma femme, M. de Vin et moi, nous vous embrassons. » La formule est jolie, mais en voici une autre qui l’est encore plus : « Je vous embrasse de toute mon âme. Ma femme et M. de Vin en font autant » (lettre du 17 août 1789).

V. Nous croyons avoir dit, dans nos notes, tout ce qu’il importait de savoir sur les autres relations des Roland à Amiens, le médecin d’Hervillez, le pharmacien-chimiste Lapostolle, le professeur-physicien Reynard. Il nous reste à parler de leur humble et dévouée servante, Marie-Marguerite Fleury. Mais elle mérite un article spécial (voir Appendice T).

  1. Madame Roland écrit toujours de Vin.
  2. Inv. de la Somme, B. 884 ; Almanach de Picardie, 1781 et années suiv. — L’Almanach royal de 1783, p. 278, lui donne encore le titre de secrétaire du Roi. Mais cette mention ne reparaît plus les années suivantes.