veilleusement ces jours-ci, parce que j’ai tenu la bride courte ; mais je rôde dans la maison jusqu’à midi, et ce train, excellent pour cet objet, ne favorise pas le travail du cabinet. Je n’ai pas eu une nuit bien bonne depuis ton départ ; tu m’occupes toujours vivement, et, malgré moi, avec une teinte de tristesse quand tu es éloigné. Cependant je me porte bien, mon estomac se tire toujours d’affaire à ravir et mon lait ne m’incommode plus. Addio, carissimo amico, finque domani, T’abbraccio téneramente.
Je reçois enfin de tes nouvelles[1], et je vois avec attendrissement et chagrin que tu es déjà inquiet ; l’heure de la poste s’est passée hier avant que j’eusse préparé mon paquet. Joséphine[2] est prise d’une fluxion sur les yeux dont elle n’a plus l’usage par cette incommodité ; j’ai fait venir Ancelin[3], qui a hésité de la saigner pour raison ; bains de pied, bouillon de veau, etc. ; il faut que Marguerite[4] aille au dehors, que je sois à l’enfant et à la malade. Heureusement les maux de cette espèce ne sont pas de longue durée. Je t’ai encore renvoyé précipitamment une lettre hier matin. M. Duperron est revenu deux fois ; à la première, je ferai dire que tu es absent. M. Price[5] est venu aussi ; il m’a parlé en dernier lieu ; désirant savoir le moment de ton départ pour Paris, je lui ai appris que tu y étais : il doit m’apporter un paquet à te faire passer.
Je t’écris pour ainsi dire sur mon genou, encore dans la fumée et tourmentée de ma pauvre petite qui, depuis hier au soir, a des coliques fréquentes. L’heure presse, ma malade pleure comme un enfant et
- ↑ La lettre de Roland du 16 novembre 1781 (ms. 6240, fol. 91).
- ↑ Joséphine, la cuisinière. — Voir Appendice E.
- ↑ Louis-Eustache Anselin, doyen des chirurgiens d’Amiens, demeurant rue Basse-Notre-Dame (Alm. de Picardie, 1781, p. 77 ; Inventaire de la Somme, série C, 1625). — Reçu membre de l’Académie d’Amiens en 1783 ( voir lettre du 25 août 1783).
- ↑ Sa bonne, Marie-Marguerite Fleury.
- ↑ Price était l’associé de Flesselles pour les « apprêts anglais » qui faisaient concurrence à ceux de Holker. — Voir Appendice I.
dissertations d’ordre général), renferme, t. III, p. 629, des « Observations sur quelques points des recherches philosophiques de M. de Paw », d’un ton très acerbe.