ministère, Blondel donna sa démission. Était-ce parce que son nom figurait, dans des papiers trouvés aux Tuileries, sur une note où la Reine avait inscrit « les gens de sa connaissance », c’est-à-dire les personnes de sa confiance (voir Moniteur du 17 août 1792) ? Il y a, à sa retraite comme à celle de Tolozan à la même date, une raison plus générale ; Roland, durant son premier ministère, n’avait pu remanier ses bureaux, choisir ses collaborateurs dans le parti patriote, attendu que les employés tenaient leurs commissions du Roi. Il avait donc dû les subir et s’en accommoder. Après le 10 août, au contraire, il se fit autoriser aussitôt par l’Assemblée législative à faire, dans son département, « tous les changements convenables ». (Voir l’Avertissement de l’année 1792, p. 405 de ce volume.) Refondant l’organisation du ministère, appelant à lui des « patriotes », il était amené, sans arrière-pensée de rancune personnelle, à se séparer d’hommes qui représentaient le passé. Il avait si peu de ressentiment contre Blondel, qu’il l’utilisa pour une mission patriotique, et, ce qui n’était pas sans courage, l’avoua publiquement pour un de ses agents. Le Moniteur du 18 novembre 1792 publia la lettre que voici :
Je vous prie d’insérer dans le premier numéro de votre journal la note suivante :
Le citoyen Blondel est compris dans une liste des réfugiés à Londres, faite par Jean Pelletier et rapportée dans le Courrier des départements du 18 octobre dernier. La vérité est que le citoyen Blondel n’a pas quitté Paris depuis la Révolution jusqu’au 5 septembre dernier, qu’il a été chargé par le pouvoir exécutif d’aller en Angleterre, où il est encore aujourd’hui, pour y remplir une mission importante relative aux subsistances. — Roland.
Nous perdons ensuite Blondel de vue. M. Eugène Lelong conjecture, avec beaucoup de vraisemblance, qu’il n’est autre que ce Blondel (Antoine-Louis), résidant à Seurre (Côte-d’Or) depuis le 14 juillet 1793, à qui les officiers municipaux de cette ville délivrent, le 12 octobre 1793, un certificat de civisme, et qui fut arrêté au début de l’an ii.