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Appendice G.



LES ARTS ET LE DICTIONNAIRE DES MANUFACTURES.

§ 1er.

Cet Appendice consisterait uniquement à donner la liste des monographies industrielles que Roland publia, de 1780 à 1783, sous le nom d’Arts, et à rassembler quelques détails sur la rédaction de son Dictionnaire de manufactures, si nous n’avions à raconter ainsi sa grande querelle avec un de ces privilégiés puissants qui pesaient alors si lourdement sur l’industrie nationale, Jean Holker, manufacturier à Rouen et inspecteur général du commerce. La correspondance des Roland est pleine des échos de cette bataille, qui troubla plusieurs années de la vie du pauvre inspecteur de Picardie. En tout cas, son détail est singulièrement instructif.

Rappelons d’abord que Roland, écrivain infatigable, attendit cependant d’avoir dépassé la quarantième année avant de rien publier : il apprenait son métier. S’il prenait la plume, c’était pour des mémoires adressés uniquement à son administration. En parcourant le Dictionnaire des manufactures, on arriverait aisément à en refaire la liste. C’est seulement dans l’hiver de 1774 à 1775, qu’il songea, après plus de vingt ans de pratique, à une « lettre », nous dirions aujourd’hui une brochure, « sur les fonctions, les devoirs et l’utilité des inspecteur des manufactures et du commerces. » Mais, pour la publier, il fallait le visa d’un censeur ; il en demanda un : « Dès notre premier entretien, je reconnus un homme tellement gonflé de sa petite dignité, si fat, si testicoteur, si important, que je pris en dégoût sur-le-champ et sa personne et mon entreprise. Je retirais ma lettre… ». Mais ceux que tourmentent les vérités à dire ne se résignent pas longtemps. Cinq ans après, Roland glissait son factum au milieu de ses Lettres d’Italie (t. IV, p. 320-361). Elle y fait, entre Rome et Naples, un effet très inattendu.

Peut-être aussi les espérances qu’il fondait alors sur la protection de Trudaine, pour sa nomination d’inspecteur général, lui commandaient-elles la réserve.

En 1777, Roland perdait avec Trudaine son seul appui. Néanmoins, son expérience administrative était tellement reconnue, qu’en mai 1778, quelques mois après son retour d’Italie, on lui demanda, de la part du ministre des finances [Necker] « un mémoire pour arriver à la simplification des règlements ». Le 11 juin, il était prêt et expédiait son mémoire (Dict. des manuf., I, 289 ; II. 2e partie, 69). Mais son ardeur intransigeante s’y exprimait aussi hardiment que si l’on eût été encore au temps de Trudaine. Nous pouvons en juger, puisqu’en 1784 il a inséré ce mémoire dans son dictionnaire (I, 291*). C’est là que se trouve le fameux passage si souvent cité contre la tyrannie inepte des règlements et des agents qui les outraient encore : « J’ai vu couper par morceaux, dans une seule matinée, quatre-vingts,