Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quatre-vingt-dix, cent pièces d’étoffes… J’ai vu faire des descentes chez les fabricants avec une bande de satellites, bouleverser leurs ateliers, répandre l’effroi dans leur famille, couper des chaînes sur le métier, les enlever, les saisir, assigner, ajourner, faire subir des interrogatoires, confisquer, amender, les sentences affichées et tout ce qui s’ensuit, tourments, disgrâces, la honte, frais, discrédit, et pourquoi ? Pour avoir fait des pannes en laine, qu’on faisait en Angleterre et que les Anglais vendaient partout, même en France, et cela parce que les règlements de France ne faisaient mention que des pannes en poil, etc. ».

C’est probablement à la suite de ce mémoire que Roland fut appelé à Paris, comme nous l’avons déjà dit, à la fin de 1779, pour y donner ses lumières en vue d’une refonte des règlements de l’industrie, particulièrement de ceux qui concernaient « la bonneterie », entendez par là toutes les étoffes de laine (Dict. des manuf., I, 7). Cette industrie était particulièrement celle des villes et campagnes picardes. De plus, elle était sous la direction spéciale de Tolozan, le plus actif et le plus éclairé des quatre Intendants. On prétendait bien laisser Roland à sa place d’inspecteur de province et le malmener au besoin : mais on le trouvait bon à consulter. Il séjourna donc toute l’année 1780 à Paris (l’année de son mariage), et c’est vers cette époque seulement qu’il commença à publier.

Passons maintenant en revue ses monographies industrielles.

L’Académie des Sciences patronnait alors la publication d’une série de traité sur les Arts industriels, rédigés les uns par tel ou tels de ses membres, les autres par divers savants ou praticiens. C’était chez Moutard, libraire et éditeur de cette Compagnie, qu’ils paraissaient, après avoir été examinés par des commissaires de l’Académie et, sur leur rapport, investis de son approbation. Roland se chargea d’en donner plusieurs.

Le premier qui parut est intitulé : « l’Art du fabricant d’étoffes en laines rases et sèches, unies et croisées, par M. Roland de La Platière, inspecteur général des manufactures de Picardie, etc., 1re partie, à Paris, aux dépens et de l’imprimerie de Moutard, imprimeur-libraire de l’Académie royale des Sciences, 1780 ». Une deuxième partie, intitulée l’Art de préparer et d’imprimer les étoffes en laine, fait suite à la première, ce qui a fait croire à quelque bibliographes qu’il y avait eu deux publications différentes. Le tout comprend 62 pages in-folio et 11 planches.

Roland nous prévient, dans son avertissement, que ce travail avait été écrit en 1776, et remis à Trudaine, qui renvoya le manuscrit, pour rapport, « à l’académicien commissaire de l’administration en cette partie [Mignot de Montigny] ». Celui-ci, quand Roland revint d’Italie, le détermina à soumettre son travail au jugement de l’Académie. Les commissaires furent Duhamel, Fougeroux de Boudaroy et Vandermonde. Le certificat de l’Académie, signé Condorcet, secrétaire perpétuel, est du 13 mars 1779. Nous venons de voir que l’ouvrage parut un an après.

Vint ensuite « l’Art du fabricant de velours de coton, précédé d’une dissertation sur la nature, le choix et la préparation des matières, et suivi d’un traité de la teinture et de l’impression des étoffes de ces mêmes matières, par M. Roland de La Platière, etc., en deux parties. — Paris, 1780, Moutard, etc. » L’ouvrage, accompagné de 11 grandes planches, comprend 52 pages in-folio, la 2e partie commence à la page 32.