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sur la vie de M. Suard, t. I, p. 268-278, décrit, avec d’intéressants détails, cette maison[1] ouverte à tous les gens de lettres, à tous les savants, à toutes les idées.

Panckoucke demanda à Roland, mis en vue par lez Arts qu’il venait de faire paraître, de se charger, dans l’Encyclopédie méthodique, du Dictionnaire des manufactures, arts et métiers. Leur traité, dont le texte se trouve au ms. 9532, fol. 142-143, est du 31 décembre 1780[2]. L’ouvrage devait comprendre 2 volumes in-4o. Les droits d’auteur étaient fixés à 24 livres par feuille, prix modeste (3 francs la page). Nous calculons qu’à ce compte le 1er volume de Roland a dû lui rapporter 2,376 livres. Le traité est signé de Roland et de Panckoucke, et approuvé par les deux associés de celui-ci, Deveria, de Paris, et Plomteux, de Liège.

Roland se mit à l’œuvre aussitôt, et sa femme l’y aida activement, pour copier, extraire, résumer, mettre au net, etc. Toute la Correspondance de 1781 à 1783 est pleine de détails là-dessus, et on peut voir encore, au ms. 9532, forces notes de l’écriture de Madame Roland.

Les deux volumes convenus parurent en 1784 et en 1785. Mais, par une circonstance que nous ne nous expliquons pas, et qui tient sans doute à ce que l’Encyclopédie méthodique se publiait par livraisons, c’est le second volume qui porte la date de 1784, tandis que le premier est daté de 1785.

À ce montent-là, intervient un nouveau traité. Comme il arrive toujours en pareil cas, le travail s’était allongé sous les doigts de l’écrivain ; tout n’avait pu entrer dans le cadre convenu, un troisième volume devenait nécessaire. Le 31 août 1785, Roland et Panckoucke signaient à cet effet une nouvelle convention (ms. 9532, fol. 172-173). Le nouveau volume devait traiter ; 1° des peaux et cuirs ; 2° des huiles et savons ; 3° de la teinture. C’est sans doute à ce moment-là qu’il faut placer la lettre n° 560 de la Correspondance.

Les droits d’auteur étaient triplés (72 livres par feuille, c’est-à-dire 9 francs par page), probablement en raison de la prospérité de l’entreprise et de la notoriété plus grande de l’écrivain.

La préparation de ce volume occupa Roland pendant bien des années. La Correspondance nous le montre harcelant sans cesse son ami Bosc pour des renseignements sur ces sujets avec lesquels il était moins familier qu’avec ceux dont il avait traité d’abord. D’autre part, le travail lui devenait moins facile et la matière échappait de nouveau à ses doigts : ce troisième volume ne renferme qu’une partie du programme prévu au traité. Le Discours préliminaire par lequel il s’ouvre est bien de 1786, mais l’œuvre ne fut achevée qu’en 1790(c’est la date que porte le titre du volume), et certaines parties, telles que la pelleterie, à laquelle Roland travaillait encore à l’automne de 1791, ne furent même imprimées qu’en 1792 (t. III, p. 493).

Nous ne pouvons songer ici à extraire du Dictionnaire de Roland la liste de ses collaborateurs bénévoles, dont il cite consciencieusement les noms ; elle serait par trop longue. Qu’il suffise de dire que, depuis M. de Montaran lui-même, qui lui fournit des mémoires sur les toiles, depuis ses collègues Lô des Aunois à Sedan, Taillardat de Saint-James en Champagne, de

  1. Rue des Poitevins, hôtel de Thou.
  2. Voir au ms. 9532,. fol. 145-155, quatre lettres de Roland à Panckoucke, des premiers mois de 1781.