Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1493

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Appendice J.



LES LETTRES DE NOBLESSE.

L’idée de demander des Lettres de noblesse parait être venue de la mère et du frère aîné de Roland. On avait toujours laissé espérer à l’inspecteur, le seul des cinq frères qui ne lût pas engagé dans l’Église, que, le jour où il se marierait, la propriété du Clos lui serait attribuée pour son établissement (Lettres d’Italie, t. VI, p. 439). Toutefois, à son contrat de mariage, signé le 27 janvier, 1780 (ms. 9532, fol. 133-136), sa mère et le chanoine, propriétaires du Clos, se bornent à lui assurer en nue propriété 60,000 livres, hypothéquées sur le domaine. Mais il semble que, lorsqu’il conduisit sa jeune femme en Beaujolais, en septembre 1780, il ait obtenu qu’on revint aux anciennes promesses, et qu’on ait arrêté le plan de demander des Lettres de reconnaissance [de noblesse], le Clos devant être érigé en fief pour l’enfant qu’on espérait. Au premier indice de paternité, que Roland annonce d’ailleurs avec une hâte singulière (ms. 6240, fol. 84-85, lettre du 6 février 1781), on se met à l’œuvre ; avec des notes du chanoine (on les trouvera, écrites de sa main, au ms. 6243, fol. 1-58). Madame Roland rédige un « mémoire d’extraction », rappelant tous les titres que la famille de son mari peut avoir à la noblesse, et ce mémoire, tout entier de son écriture (ms. 6243, fol. 14-18), est envoyé au chanoine, qui le fait certifier par la noblesse du Beaujolais, la sénéchaussée et la municipalité de Villefranche ; les signatures et les cachets se succèdent au bas de la pièce, du 22 mars au 28 juillet 1781.

L’enfant naît, le 4 octobre 1781, mais « ce n’est qu’une fille ! » (lettre 16.) Roland n’en va pas moins à Paris sonder le terrain (ibid.), mais perd vite courage. « Il n’y a rien à faire pour le cas de la reconnaissance ; il faut des titres plus clairs que le jour. Je vais voir pour l’autre cas [des Lettres d’anoblissement], pour lequel faut-il encore de très grandes protections, et, au bout de tout, une de deux mille écus au moins, pour marc d’or, frais de sceau, rédaction, vérification, enregistrement, etc… C’est un peu refroidissant. Nous verrons cependant… » (Lettre du 16 novembre 1781, ms. 6240, fol. 91.)

D’un autre côté ; l’enfant n’étant pas un garçon, la famille de Villefranche hésitait, on le voit par des allusions d’une autre lettre de Roland, du 31 décembre 1781 (ibid., fol. 119-120). C’est sans doute pour le ramener à des dispositions plus favorables que le ménage fit probablement avec l’enfant, en septembre 1782, ce voyage en Beaujolais dont la lettre 53 nous apporte la preuve.

Vers la fin de 1783, le projet revient sur l’eau ; Roland adresse, sa demande à M. de Vergennes, qui avait, dans les attributions de son département, les « Lettres patentes d’anoblissement ou de confirmation de noblesse » (Alm. royal de 1784, p. 246), et M. de Vergennes écrit à l’Intendant de Lyon (Bibl. de Lyon, fonds Coste, J. 17419) : « Versailles, 10 décembre 1783. — Je vous envoie, Monsieur, un mémoire par lequel le sieur Roland de