voyait bien, trouvait quelquefois qu’on s’embrassait trop, mais finissait par en rire pacifiquement. Une lettre du 1er mai (ms. 6240, fol. 220) donne bien la note de sa gaieté confiante et de sa bonhommie un peu lourde. Après avoir plaisanté son jeune ami au sujet des courses à pied qu’il faisait avec sa femme. — entre deux audiences des Intendants. — aux environs de Paris, à Vincennes, à Auteuil, au bois de Boulogne, à Alfort, etc… il ajoute : « Mais cette pauvre femme déjà si faible, me mande-t-elle, vous l’avez donc mise sur le grabat ? Cependant elle a encore bien à courir. Je ne vous dirai pas quand vous en serez las, mais, le plus tôt possible, renvoyez-la-moi. Vous me ferez grand plaisir. Elle a doucement accoutumé à elle le bonhomme, qui à présent s’en passe difficilement… ». Cette simple ligne dit beaucoup.
Non moins instructive est la lettre suivante, adressée à Roland, le 18 mai, par sa cousine, Mlle de La Belouze, qui, du fond de son couvent, avait dirigé et suivi les démarches de la solliciteuse. C’est comme un résumé de toute la campagne : « Votre chère moitié vous a rendu compte de l’état des choses, mon cher cousin, sur lequel on pourrait fonder des espérances réelles, si l’objet de la demande n’était pas en lui-même si difficile à obtenir. À présent, ce n’est plus que chose de faveur pour quoi il faudrait protection puissante et vives sollicitations. Je désirerais avoir des moyens de ce genre à mettre en activité pour seconder le zèle aussi éclairé qu’infatigable de Madame Roland. On ne peut avoir un meilleur chancelier. Tous ces Messieurs de l’Administration trouvent que vous ne pouviez le mieux choisir. En effet, elle est étonnante… ».