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Appendice K.



BOSC D’ANTIC (1759-1828).

La vie de cet homme de bien, de ce savant distingué, de cet ami fidèle des Roland et, pour mieux dire, de ce vaillant Girondin, devrait être écrite. Nous l’avons entreprise et nous espérons bien la mener à bonne fin[1]. Mais elle ne saurait trouver place ici, où nous n’avons à donner que ce qui peut éclairer la Correspondance. Nous allons donc nous borner à en extraire la partie qui va jusqu’à 1793, en la resserrant d’ailleurs le plus possible. Quant aux trente-cinq années pendant lesquelles Bosc survécut aux Roland, nous n’y toucherons que pour raconter, plus brièvement encore, avec quelle piété il servit leur mémoire.


§ 1er. La famille Bosc.

Son père, Paul Bosc, était né, le 8 juillet 1726, au hameau de Pierre-Ségade, aujourd’hui chef-lieu de la commune de Viane, canton de La Caune, arrondissement de Castres. Il était fils de Pierre Bosc, maître chirurgien de Pierre-Ségade. Bien que de famille calviniste (Pierre-Ségade était un foyer de religionnaires, où se tint une des premières assemblées protestantes qui eurent lieu après la Saint-Barthélemy), il fut baptisé catholique[2], condition alors nécessaire pour avoir un état-civil.

Le fils du chirurgien cévennol se destina à la médecine. Mais il dut, comme protestant, aller prendre ses grades à l’étranger, à l’Université de Hardenwyck, en Gueldre. Laborieux, instruit, d’esprit curieux, il parvint, malgré les difficultés de ses débuts[3], à percer dans le monde. Suivant un usage courant au xXVIIIe siècle, il allongea son nom et se fit appeler Bosc d’Antic, apposition dont nous n’avons pu trouver l’origine. Il épousa une femme aussi

  1. M. Auguste Rey, dans deux opuscules d’un vif intérêt, Le naturaliste Bosc et les Girondins à Saint-Prix (1882), Le naturaliste Bosc, un Girondin herborisant (1901), a étudié cette belle figure. Nous lui avons communiqué, pour son second travail, ainsi qu’il le déclare avec une parfaite bonne grâce, un assez grand nombre de renseignements. Nous allons, à notre tour, le mettre plus d’une fois à contribution.
  2. Extraits des registres paroissiaux, communiqué par M. Séguier, instituteur de Viane. Le nom de Bosc est encore fréquent dans la commune.

    Éloge historique de M. Bosc, par Cuvier (Mémoires de l’Académie des Sciences, t. X. 1831).

    Notice biographique sur M. Bosc, par le baron se Silvestre, Paris, 1829.

  3. « Mon père est sorti de son village sans le sol », écrivait Louis Bosc le 21 décembre 1784. (Collection Beljame.)

    Les plus nombreux et les plus intéressants des documents utilisés ici nous viennent de cette collection, mis obligeamment à notre disposition par le petit-fils de Louis Bosc, M. Alexandre Beljame, professeur à l’Université de Paris.