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pauvre que lui[1], mais appartenant à une illustre famille protestante du Laonuais (voir Haag, France protestante). Marie-Angélique Lamy d’Hangest était fille et sœur de deux officiers généraux d’artillerie. Nous connaissons surtout le second, Louis-Auguste Lamy d’Hangest (1731-1819), lieutenant général du 7 septembre 1792, au moment où il avait l’honneur, entre le départ de Lafayette et l’arrivée de Dumouriez, de commander en chef sur la frontière.

De ce premier mariage naquirent une fille et un fils. La fille épousa un M. de Boinville, dont nous ne savons à peu près rien. Le fils, né à Paris le 29 janvier 1759, est Louis-Augtutin-Guillaume, auquel cette notice est consacrée. La jeune mère mourut peu de temps après.

En 1763, Paul Bosc était déjà remarié et, tourné vers l’industrie par ses recherches scientifiques[2], allait prendre la direction de la verrerie de Serviu, au village d’Aprey, dans le voisinage de Langres. C’est là que lui naquirent deux enfants, Joseph-Antoine, né le 20 septembre 1764, et Sophie, devenue plus tard Mme Dehérain.

La manufacture de Servin paraît avoir prospéré, puisque on voit plus tard les enfants de Paul Bosc conserver des attaches et des intérêts dans ce pays. Toutefois le verrier, d’humeur inquiète, la quitta en 1769 pour aller fonder une autre manufacture « près de Saint-Flour, dans la Margeride ». Il y passa sept ou huit ans et finit par s’y ruiner[3]. Il se détermina alors à venir à Paris exercer la médecine. Mais il ne put le faire, — toujours cause de religion, — qu’en achetant, avec les débris de son avoir, une charge de « médecin du Roi par quartier ». C’est en 1776 qu’il faut placer ce retour à Paris, car Bosc d’Antic ne figure à l’Almanach royal qu’à partir de 1777.

il vécut là encore huit années, recherché pour son savoir et l’agrément de son commerce. En 1776, nous trouvons son nom sur la liste des souscripteurs à la traduction de Shakespeare par Letourneur. En 1780, il publia le recueil de ses mémoires, sur les recherches dont il s’était occupé toute sa vie[4]. En 1782, il fut nommé membre correspondant de l’Académie des Sciences. Il recevait chez lui, rue Meslé jusqu’en 1781, rue du Jardinet-Saint-André ensuite, « d’illustres savants ; Rouelle, Parmentier, Buffon, Daubenton, Thonin, Brisson, Adansons », etc. (Silvestre, Èloge.)

Il mourut le 4 avril 1784 (lettre de Lanthenas à Roland, ms. 6241, fol. 264). En sentant venir sa fin, il avait fait venir un confesseur (Correspondance, lettre 105). Ce huguenot peu opiniâtre crut bon de sortir de ce monde comme il y était entré. Sa seconde femme devait être morte ou vivre séparée de lui (Correspondance, lettre 103) : sa fille aînée était mariée et son fils Joseph était déjà employé aux forges du Creusot, ce qui explique que la Correspondance de 1784 ne les mentionne nulle part. Il n’avait donc à son lit de mort que Louis et Sophie, qui tenait la maison (lettre 98).

  1. « Elle ne lui avait pas apporté un sol en mariage » (Bosc, même lettre.)
  2. L’Académie des Sciences avait couronné, en 1760, un mémoire de lui sur les verreries, qui parut en 1786. (Quérard, France litt..)
  3. Lettre citée plus haut.
  4. Œuvrres de Bosc d’Antic, contenant plusieurs mémoires sur l’art de la verrerie, sur la faïencerie, la poterie, la minéralogie, l’électricité et la médecine. Paris, 1780, 2 vol. in-12.