La Correspondance, complétée par nos documents, nous fait connaître les amis particuliers de Bosc. Remarquons dès à présent que presque tous entrèrent avec lui dans la Révolution. Unis par le goût de l’étude, par les mêmes idées philosophiques, ils se préparaient dès lors au grand combat.
C’est d’abord Lanthenas, le jeune ami des Roland. Dès 1780, nous le voyons installé à Paris, étudiant la médecine, logé à l’hôtel de Lyon, rue Saint-Jacques, là même où descendaient les Roland lorsqu’ils venaient dans la capitale. Il fut donc bien vite lié avec Bosc. Madame Roland l’appelait « mon frère » ; pour Bosc aussi, il fut un frère, jusqu’au jour où, devenu député à la Convention, il se sépara de ses malheureux amis. Il y a, dans al collection Morrison, toute une série de lettres inédites de Lanthenas à Bosc, de 1784 à 1790, qui attestent combien l’intimité était grande.
Puis nous rencontrons un bon vieillard, Parraud, rêveur swedenborgien, qui vivait en traduisant les livres du maître et en élevant des jeunes gens, et que Lanthenas avait probablement introduit dans le cercle. Son nom revient sans cesse dans la correspondance des amis (voir lettre 98). Roland, en 1792, emploiera sa plume au service de la Révolution.
Nous avons déjà mentionné Romé de L’Isle (1736-1790), qui venait de publier sa Cristallographe (1783, 4 vol. in-8o), et dont Bosc, fils du verrier de Servin et de Saint-Flour, s’était fait l’élève et l’admirateur. Il lui conduit Madame Roland (voir lettre 132). Le 6 mars 1790, il écrivait à Faujas de Saint-Fond : « J’ai l’âme navrée. Notre ami de L’Isle est à la mort. J’ai passé la nuit dernière au pied de son lit et je crains que la prochaine soit la dernière de sa vie » (ms. 9533, fol. 118-119). Romé de L’Isle mourut en effet le lendemain, el un article très ému du Patriote français, du 16 mars, semble bien être de Bosc, devenu un des collaborateurs habituels de Brissot.
Le géologue Faujas de Saint-Fond, auquel cette lettre est adressée, était déjà en 1784 en relations d’amitié avec Bosc (voir lettre 98). Cette lettre de 1790 citée plus haut, par laquelle Bosc recommande Lanthenas « à Monsieur Faujas de Saint-Fond, inspecteur des milices nationales à Montélimart », montre que cette amitié avait duré et s’affermissait dans leur adhésion commune à la Révolution.
Un autre ami, Broussonet, était déjà dans tout l’éclat de sa jeune gloire. Après un séjour de trois années à Londres (1779-1782), où il avait été nommé membre de la Société royale, il venait d’être choisi par Daubenton pour le suppléer au Collège de France (histoire naturelle, 1783), puis à l’École d’Alfort (économie rurale, 1784). Bosc lui conduit aussi Madame Roland, à Alfort, en mai 1784. Ce jeune savant, — il n’avait alors que 23 ans, et était de deux années le cadet de Bosc, — fut peut-être son plus cher ami ; ensemble ils entrèrent à la Société des Jacobins en 1790, ensemble ils luttèrent contre la Terreur et furent persécutés par elle. En mars 1796, Broussonet sera un de ceux auxquels Bosc confiera les secrets de son cœur.
Nous avons déjà parlé (Appendice H) des deux naturalistes provençaux, les frères de Lamanon, qui avaient été probablement pour lui des compagnons de jeunesse et qui restérent des correspondants de recherches scientifiques.