D’autres amis, que Bosc devait aux Roland, sont M. et Mme d’Eu et M. de Vin, d’Amiens, dont nous avons parlé avec détail à l’Appendice E. C’est le 17 avril 1783 que Madame Roland lui adresse M. de Vin. La lettre du 21 mars 1784 nous le montre déjà en correspondance réglée avec M. d’Eu, sur des questions d’histoire naturelle. Mais la liaison aboutit bientôt à une intimité dont Madame Roland sourit quelque peu ; il semble que Bosc ait été, lui aussi, pendant les fréquents et longs séjours que Mme d’Eu faisait à Paris, un des cavaliers servants de la dame. Nous avons signalé, dans cet Appendice E, l’intéressante correspondance échangée, du 9 juillet 1785 au 27 décembre 1789, entre Bosc et le amiénois.
N’oublions pas l’astronome Dezach, que Broussonet, qui l’avait connu en Angleterre, mit en rapports avec Bosc et, par celui-ci, avec les Roland. Ces honnêtes gens ne se lassaient pas de faire échange de leurs amis.
Mais les amis les plus particuliers de Bosc paraissent avoir été Creuzé-Latouche, Bancal des Issarts et Garran de Coulon, trois futurs conventionnels, comme Lanthenas.
Creusé de Latouche (1749-1800), originaire de Châtellerault, était depuis 1774 avocat à Paris et demeurait rue des Lavandières-Sainte-Opportune ; Bosc logeait rue des Prouvaires, tout à côté de l’Hôtel des Postes, où il avait son bureau. Nous verrions volontiers dans ce voisinage, en un temps où les difficultés de la circulation dans Paris y faisaient de chaque quartier comme une petite ville, l’origine de leur liaison, qui existait peut-être déjà en 1783 (lettre 82). En tout cas, elle est bien établie en 1784 (lettres 134-139). Ce n’est que plus tard que l’avocat poitevin quitta Paris pour retourner acheter à Châtellerault la charge de lieutenant général de la sénéchaussée, en attendant que la Révolution le ramenât, d’abord à la Constituante, puis à la Convention. Toujours ami de Bosc, entraîné par lui dans le parti de Roland (voir au ms. 9532, fol. 225-226, une lettre qu’il adresse le 18 juin 1792 au ministre congédié), Creuzé-Latouche resta fidèle au malheur. C’est chez lui que Bosc, le 1er juin 1793, alors que Roland était en fuite et que sa femme venait d’être conduite à l’Abbaye, conduisit leur fille Eudora, dont il devînt alors, et pour plusieurs années, un dévoué protecteur.
Bancal des Issarts (1750-1826), auquel nous consacrerons l’Appendice Q, était notaire à Paris depuis le 11 septembre 1783 et habitait alors rue du Four, près Saint-Eustache ; il était donc, lui aussi, voisin de Bosc. Il avait étudié le droit à l’Université d’Orléans, et c’était là qu’il s’était lié avec Garran de Coulon (1749-1816), originaire de cette ville, avocat à Paris depuis 1775.
Dès 1787, cette société d’amis, Bosc, Creuzé, Bancal et Garran, était étroitement unie, car Paul de Lamanon écrit à Bosc, de Salon, le 13 mars 1787 (coll. Beljame) : « Je vous prie de me rappeler dans le souvenir de M. de Coulon et de son épouse, et de MM. Desissart et Creuzet… ». Toutefois la première lettre que nous ayons de Bosc à Bancal est du 20 décembre 1788 (ms. 9533, fol. 112-113).
Il y avait entre eux tous un lien charmant, le goût de la botanique, l’étude chères à Rousseau. On partait le dimanche, jour de liberté pour le secrétaire des Postes, et on allait herboriser à pied dans les environs de Paris, surtout dans la forêt de Montmorency, agitant en chemin ces problèmes de philosophie et de politique pour lesquels on allait faire une ré-