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la Nature. Sur la liste des souscripteurs pour l’érection d’une statue à Rousseau (Révolutions de Paris, n° 54, juillet 1790), nous trouvons réunis les noms de « M. Bosc, secrétaire de l’Intendance des Postes, 3 livres ; M. Rolland, inspecteur général des manufactures à Lyon, et Madame son épouse, 6 livres ». Le 23 août, Bosc, nommé président de la Société des naturalistes français, inaugure le buste de Linné au Jardin des Plantes, sous le cèdre planté un demi-siècle auparavant par le naturaliste suédois. Un mois après, le 25 septembre, à la tête de la Société des Amis de la Constitution de Montmorency, autre inauguration, à l’entrée de sa chère forêt, d’un buste de Jean-Jacques Rousseau ; la fête où Daunou et lui prononcèrent des discours, où l’on vit défiler un chœur de jeunes femmes, des mères de famille portant le buste de Rousseau, des vieillards portant une pierre de la Bastille, et qui se termina par des danses et une illumination dans les arbres[1], eut l’honneur d’une relation dans le Patriote français du 28, ainsi que dans les Révolutions de Paris (n° 116).


§ 10. Sophie Grandchamp.

À ce moment-là, nous trouvons Bosc lié avec une femme d’un rare mérite, Sophie Grandchamp, dont il semble avoir fait la connaissance dans la société de Brissot (voir lettre 458). Y avait-il entre eux plus que de l’amitié ? En tout cas, cette amitié avait ses orages, ses brouilles irritées, ses tendres réconciliations. Les souvenirs de Sophie Grandchamp, que nous avons publiés dans la Révolution française (juillet-août 1899), rapprochés de diverses lettres de la Correspondance (septembre 1791, mars-avril 1792), nous apprennent comment Bosc, en août 1791, présenta Sophie Grandchamp à Madame Roland, comment les deux femmes se lièrent au point de faire ensemble, le mois suivant, le voyage du Beaujolais et combien Bosc fut froissé de n’en avoir été prévenu qu’à la dernière heure. Ces lettres nous montrent aussi que la rupture durait encore à la fin de mars 1792, à moins qu’il n’y eût eu réconciliation, puis rupture nouvelle, et comment Madame Roland, même au milieu des embarras de son installation au ministère, s’entremettait activement pour réconcilier Bosc avec son amie. Nous sommes forcés, pour abréger, de supprimer tous les détails de cette histoire et de renvoyer le lecteur à nos articles de la Révolution française. Disons seulement que, en 1793, il n’y a plus trace d’intimité entre Bosc et Sophie Grandchamp. Elle habitait alors avec Grandpré, l’inspecteur des prisons, l’homme de bien que les Mémoires nous font connaître. Mais on n’avait pas cessé de se voir : c’est en allant chez son ancienne amie que Bosc apprit, le 8 novembre, l’exécution de Madame Roland, qui venait d’avoir lieu.


§ 11. Bosc aux Jacobins.

Engagé, comme il l’était, parmi les « patriotes », Bosc ne pouvait pas ne pas faire partie, dès la première heure, de la Société des Jacobins. Sur la liste des membres de la Société au 21 décembre 1790 qu’a publiée M. Aulard (Jacobins, t. I, Introduction, p. xxxviii), son

  1. A. Rey, p. 17-18.