fournis par Lanthenas au journal de Brissot. Nous ne pouvons qu’y renvoyer, encore que relevé reste incomplet. On peut dire que cette collaboration fut incessante.
Quatre lettres de Lanthenas à Bancal des Issarts, des 4 juin, 13 et 17 juillet, 4 août 1789, qui se trouvent au ms. 9534, fol. 214-221, nous montrent les deux amis dans tout le feu de l’action. Bancal est électeur de Paris, il fait partie au 14 juillet du comité permanent siégeant à l’Hôtel de ville. Lanthenas songe à se porter candidat à l’assemblée communale dont les élections régulières se préparent. Il tient son ami au courant de tous les bruits de la rue (Bancal était allé demeurer depuis peu sur la rive gauche) ; il lui dit un mot significatif : « Les amis des Sociétés que nous avons souvent réunies… ». On voit apparaître ici les conciliabules secrets où s’était élaborée la Révolution.
Dans un autre de ses billets (ms. 9534, fol. 212), qui doit être d’avril 1790, Lanthenas écrit : « Nous avons aujourd’hui un congrès de Creuzet [Creuzé-Latouche], Garran. Warville [Brissot], D. [Dantic, c’est-à-dire Bosc], Mme G. [Sophie Grandchamp], Mme Dille [de Warvile, Mme Brissot], et Mlle Dupont [une des belles-sœurs de Brissot.] » Ces quelques lignes révèlent son milieu habituel.
Une série de lettres au ms. 9534, fol. 222-242, adressés par Lanthenas à Bancal des Issarts, qui était retourné dans son pays, à Clermont-Ferrand, nous tiennent au courant de ce qui s’agitait dans ce milieu et forment le complément des lettres que Madame Roland, de sa province, adressait à ses amis engagés à Paris dans la lutte. Lanthenas fait passer à Bancal les nouvelles de Paris, lui sert d’intermédiaire pour les articles envoyés au Patriote, lui raconte longuement tous ses efforts, pétitions, motions, démarches auprès des députés, etc., pour faire triompher la cause des cadets, et surtout l’entretient de son grand projet d’association agricole, dont nous avons déjà dit un mot dans l’Appendice précédent. Brissot devait en être et avait même rédigé le programme, qu’on trouve, écrit de sa main, au ms. 9534, fol. 356-358 des Papiers Roland. Nous l’avons publié, avec les extraits des lettres de Lanthenas qui en sont le commentaire, dans la Révolution française de mars 1902. On devait se régénérer en commun par la vie aux champs, la culture du sol, monter en même temps une papeterie, une imprimerie, avec une bibliothèque, une grande salle de réunions, auxquelles Lanthenas parlait d’adjoindre un café et un club patriotiques.
L’intimité avec les Roland était redevenue ce qu’elle était en 1785. Tous avaient la même fièvre. C’est à Lanthenas que Madame Roland écrit, le 6 mars 1790 : « Guerre ! guerre ! guerre ! » C’est à lui et à Bosc, toujours en commun, que Roland adresse ses lettres (25 janvier, 2 mars, 15 mai 1790, inédites, coll. Morrison). Bosc ne recevait pas une lettre des Roland qu’il ne la communiquât à Lanthenas, et réciproquement ; plus d’une fois, le premier destinataire y ajoute quelque réflexion au passage. Il arrive même que la lettre, écrite à l’un, se continue par un post-scriptum pour l’autre. Par exemple, dans la lettre du 22 mars 1790, adressée à Bosc, Roland ajoute ; « Ami Lanthenas. Elle dit qu’on en est à la lettre M du paiement des rentes, et c’est une Marie ». Lanthenas est redevenu, on le voit, le famulus des Roland et va toucher pour eux, à l’Hôtel de ville, leurs petites rentes.
Avec Bosc et Bancal, il forme un « triumvirat », c’est l’expression dont Madame Roland se sert à chaque instant. Triumvirat politique, d’abord et surtout ; ils sont les lieutenants de Brissot. Mais aussi, comme on vient de le voir, association d’intérêts. Et toujours la collabora-