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tion au Patriote continue ! Tantôt pour quelque puérile motion (sur la nécessité de frapper des liards pour pouvoir faire 48 aumônes avec la 12 sous, n° du 4 juin 1790), tantôt pour l’abolition de la traite (n° du 8 juin), une autre fois pour d’écrire la fête patriotique donnée au bois de Boulogne pour l’anniversaire du serment du Jeu de paume (n° du 23 juin), mais avant tout pour continuer la campagne contre l’inégalité des partages. Lanthenas convoque des meetings, fonde même une Société, le Patriote du 14 juillet 1790 annonce « qu’une réunion se tiendra chez M. Viaud, avocat, rue de Hautefeuille, 22, à laquelle sont conviés les puînés et les fils de famille des pays de droit écrit ». Dans le n° du 20 juillet, on lit : « La Société des Amis de l’union et de l’égalité dans les familles, dont la première assemblée s’est formée le 16 courant chez Viaud, avocat, s’est ajournée à mercredi 21, dans la salle particulière au lycée, au couvent des Cordeliers, faubourg Saint-Germain. On y fera une seconde lecture de l’adresse à l’Assemblée nationale, proposée par F. Lanthenas… ». Puis, le 14 août, c’est encore, dans le Patriote, un article de Lanthenas sur le même sujet, « abolition du privilège des aînés ».

Mentionnons aussi, à l’actif de cette année 1790, sa brochure intitulée : « L’Amiral (apologiste de la traite des noirs) réfuté par lui-même, par un ami des blancs et des noirs, mars 1790 ». Nous avons dit que Roland présenta à l’Académie de Lyon cette réfutation du voyageur lyonnais Harcourt lamiral.


§ 7. Retour au Clos (août 1790-février 1791).

Malgré les objections — d’ailleurs relatives — que faisaient les Roland au grand plan d’association agricole de Lanthenas, celui-ci, qui croyait y avoir converti Bancal, résolut de se rendre avec lui auprès de ses amis, qui d’ailleurs l’y conviaient, pour les amener à une association définitive. Bancal était précisément venu à Paris, pour y représenter son département à la Fédération du 14 juillet 1790. Lanthenas et lui se mirent en route et arrivèrent au Clos le 28 août (lettres de Roland à Bosc, collection Morrison).

Ils y passèrent, tous réunis, le mois de septembre. Bancal s’en retourna le 2 octobre en Auvergne, mais Lanthenas, heureux d’avoir retrouvé ses amis, sa vie d’autrefois, lent d’ailleurs à se déterminer, prolongea son séjour dans le rustique domaine[1], soignant les malades (cf. lettre 554, à Jany), prêchant la Révolution au petit vicaire de Theizé, puis allant fréquemment à Lyon pour la prêcher ainsi dans les clubs et y organiser des Sociétés populaires — une par quartier — aboutissant toutes à un Comité central plus démocratique que la Société des Amis de la Constitution, trop bourgeoise et trop hésitante. Les Sociétés populaires, où l’on entrait sans cotisation, et qui semblaient à Lanthenas le seul moyen d’organiser la démocratie, sont une des idées auxquelles il reviendra sans cesse.

C’est du Clos, et parfois de Villefranche et de Lyon, que sont datées douze lettres de la collection Morrison, adressées à Bosc, et qui le pignent bien dans la ferveur de son apostolat. La place nous manque pour les reproduire. Un seul extrait (lettre du 27 novembre

  1. Il y a, au Clos, un chambre qu’on appelle encore maintenant « la chambre de Lanthenas ».