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Lyon (c’est-à-dire de l’Institut lyonnais), avec un tableau de l’enseignement, où Frossard figure pour deux cours par semaine.

Nous ne savons pas si Frossard resta à Lyon pendant le siège de 1793. Une lettre de son petit-fils, actuellement pasteur à Bagnères-de-Bigorre, nous dit seulement : « Les souvenirs de famille relatent que mes grands parents eurent beaucoup à souffrir à la fin de leur séjour à Lyon »[1]. Il semble qu’il fût encore à Lyon à la fin de 1793, car la France protestante signale de lui une brochure : De l’influence de la liberté sur les Mœurs, 24 p., datée de Lyon, 30 frimaire an ii, 20 décembre 1793. Le moment était singulièrement choisi, au milieu des exécutions qui désolaient la malheureuse ville.

On perd un peu sa trace pendant la Terreur et les années qui suivirent. Une brochure publiée par son petit-fils[2] dit qu’il fut professeur de morale à l’École centrale de Clermont-Ferrand, c’est-à-dire nécessairement après 1795, puis « négociant à Paris[3] », et elle ajoute : « la tourmente révolutionnaire avait brisé sa carrière, sans ébranler sa foi ». M. J. Guillaume (Convention, I, 320) dit : « Pendant la crise révolutionnaire, il renonça à ses fonctions ecclésiastiques, qu’il reprit plus tard ».

On le retrouve en 1802 membre du consistoire de Paris et secrétaire de la commission de notables protestants qui rédigea avec Portalis les articles organiques de germinal an x pour le culte réformé.

Il songeait à ouvrir une maison d’éducation à Paris (brochure citée plus haut), lorsque à la fin de 1808, le consistoire de Montauban l’appela comme pasteur, puis le choisit pour président. Il n’arriva qu’en avril 1809, ayant auparavant négocié à Paris la création de la Faculté de théologie protestante que réclamaient les églises calvinistes du midi de la France. Le 8 décembre 1809, cette Faculté était définitivement instituée, avec Frossard comme professeur de morale évangélique et doyen.

La réaction de 1815 enleva à Frossard ses fonctions de doyen et de pasteur, ne lui laissant que sa chaire de professeur[4].

Il mourut à Montauban le 3 Janvier 1830.

  1. Cette lettre nous signale encore, à l’actif de Frossard en 1793, un opuscule, Observations sur l’abolition de la traite des nègres, présentées à la Convention nationale, 1793, Paris, Gueffier, 32 p., in-8o.
  2. Les origines de la Faculté de Théologie protestante de Montauban, par Ch. L. Frossard, pasteur, Paris, 1882.
  3. D’après la France protestante de Haag (t. V, p. 178), il aurait été négociant d’abord, c’est-à-dire avant 1795, puis professeur à l’École centrale de Clermont-Ferrand. C’est plus vraisemblable.
  4. Nous négligeons nécessairement ici les travaux publiés par Frossard dans cette dernière période, qui est étrangère à notre sujet.