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anciennes relations d’amitié avec Bancal, fit une charge à fond contre lui, soutint que la pétition était « l’œuvre de quelques intrigants qui voulaient se porter à la prochaine législature » (Mège, p. 45), et la fit renvoyer au Comité de recherches, menace grave à cette heure-là.

Bancal, déconcerté, adressa le lendemain à l’Assemblée une lettre de protestation, qui ne fut pas lue ; puis il la fit imprimer et la porta le 31 aux Jacobins, priant la Société d’en accepter 500 exemplaires et d’en envoyer 500 autres à ses Sociétés affiliées. Même là, il n’eut qu’un demi-succès. Les Jacobins, par une prudence que leur inspiraient les récents événements, dans lesquels ils avaient failli disparaître, ajournèrent la seconde partie de sa demande (Aulard, Jacobins, t. III, p. 63).

Les choses finirent toutefois par s’apaiser. D’une part, le décret du 5 août, convoquant les assemblées primaires pour le 25 donna satisfaction aux impatients, et, le 13, sur la demande de Biauzat lui-même, l’Assemblée rapporta le décret qui renvoyait la pétition au Comité des recherches, — ce qui n’empêcha pas Bancal de publier, dans le Patriote du 20, un article contre Biauzat.

Bancal retourna alors à Clermont pour travailler à sa candidature. Nous avons, par l’interruption de la correspondance de Madame Roland entre le 22 juillet et le 29 août, les dates extrêmes de son séjour à Paris. Mais il ne dut pas attendre jusqu’à la fin d’août pour aller retrouver ses électeurs.

Les opérations des assemblées primaires du Puy-de-Dôme commencèrent le 2 septembre. Couthon, alors ami de Bancal et l’un des signataires de sa pétition du 19 juillet, — Maignet, qui était aussi un de ses amis de 1790 (coll. Picot), Romme, un ami de Bosc, — furent élus. Mais Bancal échoua.


§ 7. Bancal voyage.

Pour se consoler, il se remit à voyager et à s’occuper en même temps des projets d’acquisition rurale auxquels ses amis et lui semblaient revenir. Déjà, le 27 juillet 1791[1], il avait acheté la terre ecclésiastique de Bonneval, près de Clermont, sur une pente du plateau de Gergovie. Bosc, en septembre, soumissionnait pour lui l’acquisition plus modeste de Sainte-Radegonde. Lanthenas, dans deux lettres des 14 octobre et 21 novembre, allait l’entretenir longuement du dessein d’acheter en commun l’abbaye de Mortemer, pour laquelle Robert Pigott promettait de verser 100,000 livres.

Les lettres de Lanthenas permettent de suivre Bancal dans sa vie errante. Le 22 septembre (ms. 9534. fol. 268-269), il lui recommande de passer au Puy, en lui donnant des commissions pour cette ville. Une autre lettre du 14 octobre (ibid, fol. 270-271) nous apprend que le voyageur venait de traverser les Cévennes, de passer par Viane, le pays de Bosc, par Saint-Martin-de-Londres (son propre village natal) et d’arriver à Montpellier, d’où il

  1. C’est M. Mège (p. 26) qui donne cette date.

    Mais alors l’acte dut se faire par procuration, cat Bancal, le 27 juillet (avant-veille du jour où il se présenta à la barre de la Constituante), ne pouvait plus être à Clermont.