M. d’Eu m’est venu faire son petit doigt de cour, après l’avoir été faire en grand à l’Intendant, qui est ici depuis deux jours, et qui tient ses audiences chez Mme Maugendre[1], où il est censé descendre. Nous avons beaucoup causé du nouveau pasteur de la capitale ; c’est M. de Joignez[2], évêque de Châlons, parent de M. de Vergennes et d’un M. de Joignez qui a été ambassadeur en Russie ; bon gentilhomme, mais rien de plus, si ce n’est théologien et fanatique.
Je suis désespérée de tes inquiétudes et je n’y conçois rien, ou du moins à ce qui les cause ; je t’ai écrit directement dimanche vingt-quatre ; ma lettre, sur petit papier, était à la poste à onze heures. J’ai récrit mardi 25 par les bureaux, et hier jeudi 27, par la même voie. Tu dois avoir de mes nouvelles tous les deux jours et, par un arrangement, j’ai le plaisir de t’entretenir chaque jour ; car je commence mes épîtres l’après-midi pour les faire plus longues, parce que les tracas du matin me forceraient à trop de brièveté.
Je vais doucement aujourd’hui ; je te dis tout, sans réserve ni ménagement et avec la plus grande franchise. Tu auras plus de détails par ma lettre de demain ; je suis trop impatiente en ce moment pour en
- ↑ M. Maugendre était premier secrétaire de l’Intendance de Picardie, et subdélégué général (Alm. de Picardie, 1781, p. 35). On rencontrera plus loin, lettres 34, 37, 44, 49 et suiv., nombre d’allusions fort malveillantes tant à Maugendre qu’à sa femme et à l’intendant d’Agay.
- ↑ Sic. — Antoine-Éléonor-Léon Leclerc de Juigné, archevêque de Paris, 23 décembre 1781 ; depuis, député du Clergé aux États généraux.
- ↑ Ms. 9533, fol. 77, copie. — L’original est signalé dans le catalogue de vente du 7 décembre 1854 et jours suivants ; Laverdet, expert, n° 784. En rapprochant cette lettre de la suivante, on voit que l’une et l’autre sont du 28 décembre 1781.
