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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/193

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LETTRES DE MADAME ROLAND.

Ne va pas augmenter les miens par tes craintes, tandis que la nature se prête assez bien à ma guérison. Ils veulent me persuader que mon lait reviendra ; sera-ce assez à temps ? ou croient-ils que l’espoir, même non fondé, me soit un remède nécessaire ?

J’ai commencé cette lettre pour te consoler par l’exposé fidèle du mieux que j’éprouve, et je m’abandonne à l’expression d’une inquiétude qui t’en fera prendre d’une autre espèce. Va, je serais bien embarrassée pour te voiler l’état de mon cœur ; puis-je te cacher ce qu’il ressent ! Ne t’arrête pas au mouvement douloureux qui m’agite, tu sais comme les affections se succèdent ; ma fille va peut-être s’endormir, et l’espoir et ma gaieté renaîtront avec sa tranquillité.

Adieu, cher et tendre ami, je t’écrirai ce soir et demain matin pour vendredi.


33

[À ROLAND, À PARIS[1].]
[1er janvier 1782. — d’Amiens.]

… eu la précaution d’accompagner leur argent d’un billet propre à prévenir cette idée. Ma coiffeuse est accourue en pleurs, comme une étourdie, sans avoir lu le billet, ni compté l’argent, me faisant mille excuses si quelquefois elle avait manqué d’exactitude et me priant de l’oublier ; je n’ai pu m’empècher de rire, elle en était plus déconcertée ; c’était une scène de comédie.

J’ai passé une journée excellente ; je suis si bien, que ma garde demande à retourner chez elle samedi ; elle me prie en même temps de lui permettre de venir sans intérêt coucher près de moi jusqu’à ton retour ; cette brave fille m’a touchée, elle est d’un cœur et d’un dévouement sans pareil, on ne paye point avec de l’argent des services

  1. Ms. 5238, fol. 155 — Le commencement manque. — En rapprochant le P.-S. « du 2 au matin » et les lettres de Roland des 30 et 31 décembre 1781 (ms. 6240, folios 117-120) et du 2 janvier 1782 (ms. 6240, fol. 123-123), on voit que cette lettre a été commencée le 1er janvier 1782, après l’envoi de la précédente.