preneur ; on y emploie aussi de la filasse d’aloès, pour rideaux, glands et cordons de sonnettes ; du jonc, façon des Indes, en tapis, etc… Il me semble que tu pourrais chercher à visiter cette manufacture, s’il est possible d’y pénétrer.
Enfin, tes livres sont délivrés ; tu me parais avoir un grand débit d’un certain genre[1], sans compter Goldoni[2] ; à propos de celui-ci, j’ai songé que le frère[3], moins hardi que l’aîné, sans oser le demander, désirait peut-être que tu fisses la même faveur à son abbé Burgot, que je me souviens m’avoir été présenté comme un aide à réviser les épreuves, etc. La tournure de Morin[4] justifie mon idée sur son compte ; je me rappelle l’avoir jugé marchand dans l’âme ; c’est tout dire.
Adieu, jusqu’à demain matin que je te donnerai nouvelles de ma nuit ; j’ai beaucoup agi dans la journée ; je ne suis nullement fatiguée, je me sens renaître à la vie, malgré l’horrible temps qu’il fait. Jamais les vapeurs du lac Copaïs[5] ne furent plus tristes, et plus funestes aux esprits, que celles qui s’élèvent de nos marais tourbeux. Pays et gens, rien ne se dément.
J’ai dormi, la tête à peine sur le chevet, où je l’ai posée à près d’onze heures, pour m’être amusée avec ma fille. Il court encore des rats par la maison. J’en ai été réveillée à quatre heures ; tu croirais
- ↑ Roland dans sa lettre du 31 déc., disait : « Mes livres sont enfin délivrés de ce soir ; j’en ai mis sur-le-champ à brocher, et mercredi j’en distribuerai quelques-uns ; j’ai fait mon calcul qui se monte à 80 prodeo ; j’irai voir les académiciens dès que j’aurai des brochures… »
- ↑ Allusion aux citations italiennes dont Michel Cousin avait farci les lettres, pendant qu’il en surveillait l’impression.
- ↑ Le frère, c’est Cousin-Despréaux ; l’ainé, c’est Michel Cousin.
- ↑ Morin, libraire à Paris, rue Saint-Jacques (Alm. de Paris, 1785, p. 128)
- ↑ Nous avons déjà dit que, pour Roland, Amiens c’était « la Béotie », de même que la Normandie était « la Grèce ». De là, dans la Correspondance, de nombreuses allusions que nous ne nous arrèterons plus à relever.
des Manufactures, II, 265). — Cf. ibid, p. 177, une lettre de M. de Berthe à Roland, datée de Paris, 17 janvier 1783, sur l’aloès. — Il fit faillite en avril 1784 (voir lettre du 30 avril 1784, notes).