Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/210

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vais employer celle semaine à faire nettoyer et ranger ma maison ; on ne conçoit pas quel désordre j’ai trouvé dans mes ustensiles de cuisine ; il y a de la casse, du dégât de toute espèce : j’en ai de l’indignation.

Tu auras trouvé joint au mémoire un billet que j’écrivis rapidement après la lecture superficielle des lettres du Longponien ; j’ai bien jugé depuis que tu n’avais pas besoin d’être engagé à aller le voir, et tu ne dois regarder mes prières à ce sujet que relativement à l’empressement que tu aurais à me venir trouver et qui pourrait t’empêcher de faire ce petit voyage.

Je t’expédie une pacotille de missives ; j’y joins des lettres que j’ai plus tôt fait de t’envoyer que de te dire que je les ai reçues ; tu trouveras aussi du d’Ornay.

J’aime bien M. de Mtgi[Montigny][1], au Musée, rongeant ses ongles derrière l’homme dont la présence devait lui rappeler la leçon ; tu feras bien d’aller le voir, et de lui parler comme tu te proposes ; mais je ne crois pas qu’il t’en fournisse l’occasion. Le petit M. de LLallemand [Lalande], avec son vilain masque, me parait devoir faire partout une singulière figure ; je ne connais pas le visage de son pendant, mais, à les prendre du côté scientifique, tu n’étais pas mal à la place du milieu. Que devient

  1. M. Mignot de Montigny (1714-1782) membre de l’Académie des sciences. Il avait encouragé les premiers travaux de Roland : « M. de Montigny … qui avait fait le rapport de plusieurs de mes Mémoires… » (Mém. des services de Roland, 1781, ms. 6243, fol. 31-43). Mais il y avait eu ensuite, en 1780, beaucoup de refroidissement, à propos des démêlés de Roland avec Holker (voir Appendice G). — Roland avait écrit à sa femme, le 2 janvier 1782 (ms. 6240, fol. 122) : « Je viens du Musée … je me suis trouvé entre M. Macquer et M. de Lalande ; puis est venu M. de Montigny, qui s’est teny longtemps debout derrière moi, qui, m’étant accroché à M. Hoffmann que j’ai rencontré, causais avec lui sans faire attention, ou tout comme. Enfin j’au fixé l’homme, je lui ai souhaité le bonjour ; je lui ai parlé de mon voyage, je le lui ai offert ; je l’ai forcé d’accepter ma chaise ; il a voulu ensuite que fussions assis tour à tour ; j’ai toujours insisté. Tu penses bien qu’il n’a été question de rien relativement à l’affaire ; j’irai le voir, bien plus résolu de lui répondre tout net sur l’article, s’il m’en parle. » Voir au ms. 6240, fol. 97, une lettre de Roland à Bosc, du 20 mai 1782, sur la mort de M. de Montigny. L’Éloge de Mignot de Montigny se trouve au tome II, p.580-598, des Œuvres de Condorcet, édition O’Connor. Son oncle paternel avait épousé une sœur de Voltaire.