la triste [affaire] de l’Hoffm[ann], de Strasbourg[1] ? Je suis très aise de ta délivrance ; je crois pouvoir nommer ainsi la liberté de ton ouvrage ; Aristote a bien envie de s’accrocher à toi et, par-dessus tout, de paraître quelque chose. Quoi qu’il fasse cependant, je ne crois pas du tout qu’il ait la confiance de se dire son pittore anch’io ! Notre pauvre amie l’aînée[2] n’est pas en bon état ; je suis persuadée qu’elle a fait effort pour t’écrire ; sa main n’est pas aussi assurée que de coutume. Je lui adresse un mot ; ce n’est pas un plaisir seulement, mais encore une obligation que de prévenir ses amis en pareille circonstance.
Le pistolet est remis sur son arrêt ; j’ai vu ce matin M. Flesselles avant la réception de ta lettre ; je viens de faire un billet que je lui enverrai demain avec le velours.
L’ami De V[in] est venu passer dernièrement toute une soirée avec moi ; il était plus historien que politique, et je temps s’est passé agréablement. M. de By [de Bray] m’a donné la note que je t’envoie pour que tu lui achètes les ouvrages désignés ; je pense qu’il t’aurait consulté auparavant sur leur utilité, si tu eusses été présent pour lui répondre.
C’est fabbé Raynard qui lui a conseillé pour son fils ces lectures primitives, afin de le préparer à tirer quelque fruit du cours d’expériences chimiques auquel il va l’envoyer ; le professeur a surtout beaucoup vanté la Botanographie[3], ouvrage tout à fait nouveau, comme excellent pour donner les éléments de cette aimable science. Le jeune homme me paraît, comme de coutume, entreprendre à la fois beaucoup de choses dont il n’apprendra sans doute aucune. Il étudie l’arpentage, il dessine l’architecture sous les yeux et par les soins du balourd Sellier[4].
- ↑ François-Ignace-Joseph Hoffmann, frès aîné du Stattmeister de Haguenau dont nous avons parlé (Lettre 12), surnommé le bailli (il avait acheté le baillage de Benfeld) et établi à Strasbourg où il faisait, lui aussi, un grand commerce de garance, avait suspendu ses paiements en septembre 1781 et se trouvait en liquidation. (Notes de M. L’abbé Hanauer.)
- ↑ L’aînée des demoiselles Malortie.
- ↑ La Botanographie belgique de Fr.-J. Lestiboudois, 1781, 1 vol. in-8o.
- ↑ Jacques Sellier (1724-1808), d’abord ouvrier, soldat, magister, puis architecte-ingénieur de la municipalité d’Amiens, créateur et directeur de l’École des Arts de cette ville, membre de son Académie, etc. ‑ Voir sur lui un article intéressant de la