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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/221

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mieux, mais je crois que cela sera long. Je lui ai dit aujourd’hui que si la cure de ce mal ne s’accélérait pas, je l’engagerais à passer quelques jours chez sa tante, femme de cette ville, chez qui elle est reçue quand elle se trouve sans maison, ou dans telle autre circonstance. Alors je verrai ce que j’aurai de mieux à faire ; dans le vrai, je n’ai pas de sujet pour la renvoyer, et il serait dur de le faire en pareil cas ; je n’en ai pas non plus pour me charger de la soigner, puisque son mal n’a pas commencé chez moi ; elle y est venue, croyant n’avoir qu’une meurtrissure légère qu’elle négligeait et dont elle ne parla pas. C’est une assez bonne fille, d’après le nombre infini de moindres, même à beaucoup et de différents degrés ; ce n’est pas non plus une perle ; un peu de réflexion et la suite des événements achèveront de me décider.

M. d’Eu m’a envoyé ce matin un morceau considérable et très beau de pétrification et de stalactites, venu des carrières d’Albert[1]. Il l’avait vu à la Douane et demandé comme pour lui : « Des gens de peine, me dit-il, me l’ont apporté en pompe ; je l’avais destiné pour votre cabinet du moment où il avait frappé mes yeux. » J’ai fort bien distingué le petit mot jeté pour tout faire valoir ; mais, quoi qu’il en soit, je n’ai pas jugé à propos de rien donner à Caron, qui me l’a apporté sur son épaule et qui vient d’avoir ses étrennes. L’ami de Vins m’a remis ce soir les 36tt de sa souscription pour l’Encyclopédie. On doit m’apporter demain les 1600tt de tes appointements ; les ordonnances pour choses semblables sont arrivées aujourd’hui de l’Intendance. J’ai renvoyé le velours à M. Flesselles.

Cacao et autre, rien n’est encore paru de l’expédition faite à M. de By [Bray] ; je ne sais ce que M. d’E[u] m’a dit des prospectus qu’il soupçonne égarés sur le propos d’un domestique envoyé chez lui ; tout cela s’éclaircira.

J’ai été, comme tu le présumes, longuement entretenue des nou-

  1. Joanne (Dict. de la France) signale à Albert, chef-lieu de canton à 29 kilomètres d’Amiens. « une ancienne carrière de pétrifications, longue de 345 mètrees, dont la voûte se compose de diverses plantes marécageuses converties en pierres ».