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parlé de sa lettre pour toi ; je n’ai pas voulu le rendre honteux de sa paresse en lui rappelant ses projets.

M. Flesslles [Flesselles] m’avait écrit qu’il m’enverrait un homme pour le jardin ; personne n’est venu ; je verrai lundi à m’assurer de quelqu’un. Le temps de tailler la vigne s’avance beaucoup, et je ne veux pas négliger notre raisin, ne fut-ce que pour les moineaux !

Dolin est venu savoir des nouvelles de ta santé et de ton retour ; j’ai annoncé celui-ci pour la première huitaine.

Ménage ta santé, mon bon ami, c’est ma plus ardente prière ; songe à moi, à nous ; l’une t’aime comme tu sais, je n’élève l’autre que pour qu’elle en fasse autant, et l’espérance qu’elle remplira cette destination est un des plus grands motifs de mon attachement pour ce petit être.

Je t’embrasse et te quitte pour l’allaiter ; à huit heures du soir.


Dimanche matin.

Je t’envoie une lettre pour la petite poste : c’est la réponse à une épître toute révérencieuse de nouvel an que j’ai reçue de M. de Châlons.

Je vais sortir encore per l’edificazione delle sante anime ; l’aria non è cosi buona a respîrar oggi ; fa un poco di neve : retornero prestissitamente. Addio, caro amico, dolce sposo, idol mio ; addio ; bacio ti, ti, tuto mio bene.


51

À ROLAND, À PARIS[1].
4 janvier (février) 1782, après-midi, — [d’Amiens.]

Je suis trop occupée, je devrais dire affectée, des différentes choses que tu me mandes dans la lettre que je reçois[2], pour ne pas soulager mon cœur en m’entretenant aussitôt avec toi. Que d’autres rient de

  1. Ms. 6238, fol. 179-181. — Madame Roland a écrit janvier, mais c’est indubitablement février qu’il faut lire. — La lettre porte le timbre de la poste d’Amiens.
  2. La lettre de Roland est du 1er février 1782 (ms. 6240, fol. 138). Il s’y montre absolument découragé et parle de prendre prochainement sa retraite.