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Je me suis rencontrée chez Mme d’Eu avec les Dlles Durieux[1], qui m’ont parlé de ma santé avec un air de connaissance qui me surprit ; car je ne les remettais pas et je ne savais qui elles étaient, quoiqu’elles fussent arrivées après moi : je ne les avais pas entendu annoncer. Tout ce monde-là est béotique comme le reste.

J’ai recommencé la mousse de Corse pour ma petite, à raison des mêmes indispositions ; cependant elles sont moins fréquentes et, au milieu de tout cela, l’enfaut profite. Je n’ai pas revu mon docteur, et je crois n’en avoir guère besoin.

Je demande, toujours inutilement, mon mémoire à L’Apostole ; on s’informe si tu es de retour. Ces gens-là t’ont furieusement à cœur et voudraient bien te tenir.

Bonjour, mon ami ; il fait un brouillard épais, aigre et très froid ; c’est vraiment une vapeur des Palus-Méotides. Tu dois souffrir de ce froid ; je t’attends au coin de ton feu où j’ai tant de plaisir à te voir.

Ta petite fille, pour la première fois depuis ma maladie, a dormi sept heures de suite pour sa nuit, à compter de onze heures du soir. Mais, comme tout se balance, je souffrais de mon lait à ne pouvoir plus dormir et j’attendais impatiemment son réveil. Elle se joue présentement sur des couvertures devant le feu ; ses mouvements ne sont pas encore grand’chose ; enfin nous allons bien. Adieu ; je t’embrasse de tout mon cœur en attendant que je le fasse réellement. Amitiés au compagnon.


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À SOPHIE CANNET, À AMIENS[2].
[Juillet 1782], — d’Amiens.

Je te remercie, ma bonne amie, du petit point et des autres, sans te renvoyer encore ton canevas, parce que, voulant faire dessiner ces points, Je

!
  1. Les demoiselles Durieux, de la famille du gendre de M. de Bray.
  2. Dauban, ii, 438. — Cet éditeur place cette lettre en 1781, ce qui est impossible, car il y est question d’Eudora, « qui prépare quelques dents ». — Cf. au ms. 6241,