Aller au contenu

Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rendait visite, en s’informant de ton retour, et témoignant beaucoup de désir de te parler et d’une affaire que tu lui avais recommandée et de la gravure de Rome, etc… Le temps apprendra le reste. Il me semble, en revoyant ta lettre, que j’ai bien mal calculé l’arrivée de ma précédente au moment de votre réunion, et que mon épisode tombe tout à plat ; mais, comme la bonne amitié n’est jamais hors du propos, c’est une méprise sans conséquence.

J’attends des nouvelles aujourd’hui ; M. d’Hervilliez est venu voir hier s’il n’y en avait point qui le regardassent indirectement ; au reste, il juge que l’air et l’exercice sont actuellement les meilleures choses que je puisse prendre. Au milieu de tout cela, je ne fais rien ; j’ai seulement beaucoup avancé la révision de la traduction d’anglais ; il y a une assez longue omission dont je ne sens pas la raison : il faudra bien la réparer, et ce n’est pas pour moi une petite affaire à cause de quelques mots ou noms de choses que je ne trouve pas dans le dictionnaire ; ceux que je ne pourrai deviner, je les enverrai à M. Lanlhenas qui est un habile ; et, en attendant, il me fera le plaisir de m’expliquer une expression, fort mal rendue par le traducteur, à ce qu’il me semble, mais que je n’entends pas bien non plus. Voici la phrase : « The chief shepherd’s first case is to see that each tribe is conducted to the same district it fed in the year before, and where the sheep were yeaned[1]. » J’entends tout, et c’est bien aisé, excepté it fed ; cela se prend-il pour le même chemin, ou autrement, je ne sais ; ce ne serait pas non plus pour la nourriture, ce mot s’écrit avec un e de plus. Ce passage, par conséquent, donnerait lieu à une erreur qui pourrait être grave, si le traducteur s’était trompé. À vous autres, docteurs, je laisse l’examen.

Je n’entends plus parler du brave Gosse ; n’en apprendrais-tu rien ?

  1. Madame Roland revoyait, pour l’article Moutons du Dictionnaire des manufactures, la traduction d’un traité anglais sur l’éducation des troupeaux. Roland, dans son Dictionnaire (I, 137°-149°), renvoie en effet au Traité du bétail de john Mills (Londres, 1776), en regrettant « de n’avoir pas eu le temps de le traduire en entier », et au Guide des bergers (The Shepherd’s sure Guide) d’Ellis.