Il y a bien longtemps que nous n’avons eu de lettre de vous ; je sais que vous êtes très occupé, aussi je ne vous fais pas de querelle, mais je parle d’une privation que nous sentons. Si vous voyez l’ami de Vin, dites-lui pour nous mille choses ; nous en avons reçu de sa part de nos voisins ; il devait aussi nous écrire ; mais ne lui dites pas cela, parce qu’il faut qu’il s’en souvienne tout seul, et, s’il l’oublie, je lui demande à son retour de faire une Épître à la paresse, commencée depuis longtemps.
Avez-vous définitivement trouvé quelqu’un plus accommodant que la dame Maille[2] ? Nous attendons constamment vos décisions sur les chiendents et vos instructions sur les pinceaux, sans oublier les éclaircissements de M. Sonnerat. Les yeux noirs de la grande sœur ont-ils toujours le même effet ? Très pardonnable, assurément, pourvu qu’au bout du compte il nous revienne un petit mot sur la traduction d’Aristote. M…., dont je ne sais pas le nom, a-t-il la bonté de s’occuper de la soierie ? Ce gros cahier nous tient au cœur, il a grand besoin de réforme, de corrections, etc… Nous serons fort aises qu’un homme versé dans cette partie nous donne des secours ; nous vous prions de soutenir et d’échauffer la bonne volonté de votre ami à cet égard ; c’est un vrai service à nous rendre.
Vous verrez, par la note ci-jointe, qu’il est question d’acheter un livre de botanique pour M. d’Eu. Nous croyons avec lui que la Flora est préférable à l’Hortus, mais que vous déciderez en dernier ressort