Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/342

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chiez à les montrer, d’une manière bien touchante pour vos amis et bien faîte pour vous assurer à jamais tous leurs sentiments. Défendez M. de Vin ; vous ne sauriez nous faire plus de plaisir, comme à lui plus de bien, s’il était possible de lui inspirer une activité semblable à la vôtre. C’est l’énergie qui manque à sa trempe comme à son bonheur ; il le sent, et peut-être il en aurait plus, s’il était toujours avec des gens dont la sensibilité exerçât la sienne avec avantage. Je crois que vous verrez avec plaisir ceux auxquels il appartient : on peut dire qu’il est d’une famille d’honnêtes gens, en employant cette expression dans la force de la signification.

Je vous souhaite une Eudora, parce que vous êtes fait pour goûter tous les plaisirs simples qu’elle nous procure et que nous espérons qu’elle pourra étendre quelque jour ; mais je souhaite pour nous qu’elle soit telle qu’un homme qui vous ressemble raisonne de même dans dix-huit ans : alors je chanterais presque le Nunc dimittis.]

J’aime à vous voir jouer aux œufs rouges avec vos sœurs[1], et ce tableau dit plus de choses à mon cœur que je ne saurais exprimer. Les méchants plaisants demanderaient, d’après votre phrase, si ce sont les œufs ou les sœurs que vous avec roulés [durant deux heures][2], mais le sentiment que m’a inspiré la chose ne me laisse pas la froide liberté de faire une plaisanterie.

La santé de l’ami, dont je ne vous ai pas parlé depuis quelque temps, continue d’être dans un état qui n’a rien de très inquiétant ni de satisfaisant non plus ; la présence de l’humeur aux mêmes places que par le passé et les picotements, etc., qu’elle y occasionne sont toujours les mêmes ; le bras donne bien cependant, mais l’estomac souffre souvent d’une sorte d’empâtement, et la constipation est telle, que, dans la quinzaine qui sépare les purgations, les selles n’ont lieu que par des lavements ; cette disposition habituelle…[3].

[Adieu, portez-vous bien ; c’est ainsi que nous vous aimons.]

  1. Voir, sur les sœurs de Bosc, Madame de Boinville (l’aînée), et Sophie, l’Appendice K.
  2. Ces trois mote sont biffés au manuscrit.
  3. La suite manque au manuscrit.