c’était lui-même. J’attendais une critique de toi, j’ai bien ouvert les oreilles et j’ai entendu « que les manufactures étaient la richesse d’Amiens ; que leur importance méritait qu’on s’occupât de tous les moyens de les perfectionner encore, quoique cet art fût porté, parmi nous autres modernes, à un point où les anciens n’avaient su atteindre ; que les Égyptiens, si savants d’ailleurs, n’étaient rien, à cet égard par comparaison avec nous, non plus que les peuples de la Judée et autres contrées ; qu’on pouvait augurer du silence de Moïse que, de son temps, les vêtements étaient fort simples, et encore après lui etc… ». À quoi j’ai dit : « l’ignorant ! » Il n’a pas même lu son Écriture, il ne sait pas comment était vêtu le grand prêtre, il a oublié les déclamations d’Isaïe contre les riches vêtements des femmes, etc. Mon exclamation d’« ignorant » a été entendue de trois personnes qui m’ont beaucoup regardée. Cependant l’abbé Villin continuait, observant que cet art (toujours cette expression incorrecte en parlant des manufactures) avait dû ne s’avancer que très lentement ; que te premier homme d’abord couvert de feuilles (consuerunt ficus, etc.) les avait bientôt abandonnées, parce que cela n’était ni solide, ni commode ; que la laine des brebis arrachée par des buissons, flottant au gré des vents et formant de petits flocons, que la toile de l’araignée, etc., avaient sans doute donné l’idée de l’emploi des toisons et du tissu régulier. Mais, il y a loin du désir à la jouissance ! À ce grave apophtegme, si bien appliqué, beaucoup de gens ont ri, et moi toute la première. Je ferai grâce des réflexions pour suivre l’orateur qui est revenu sur l’importance des manufactures qui fournissent des vêtements variés, des ornements aux autels et aux ministres du Seigneur (vestes gratissimæ, ai-je dit). Définitivement il a proposé un cours de manufactures, disant que tout ce qu’on avait écrit à ce sujet était
de 1783, p. 71). Il était un des cinq directeurs du Jardin des Plantes (ibid). C’est lui aussi, sans doute, qui était « secrétaire du Bureau général de charité » (Invent. d’Amiens, AA. 30, ann. 1786, fol. 244, et Alm. de Picardie de 1783, p. 24), et qui avait été nommé en 1785 régisseur du dépôt de mendicité d’Amiens, qu’il administra avec une singulière négligence (Invent. de la Somme, C, 1625).