de Vaudreuil, le chevalier de Cogny[1], M. de Crussol[2]. Si l’une d’elles se pénétrait de notre affaire jusqu’à en faire la sienne propre, elle pourrait l’emporter de haute lutte. Mais cette supposition n’est pas facile à réaliser. Je ne connais, je n’ai rien autour de ces cinq personnes, et tu sens bien que ce ne serait point par des valets de chambre accrochés à la volée qu’on pourrait pénétrer les maîtres d’un intérêt aussi vif qu’il le faudrait pour le succès. Mr ni Mme d’Arbouville ne voient ces gens-là qu’en souper, au cercle du monde ; ils n’ont point de liaison particulière avec aucun d’eux.
Je ne vois plus que deux expédients à tenter, et ils sont tous deux extrêmes : c’est que j’aille voir tous ces Intendants du commerce, pour les examiner de nouveau, les persuader que tu ne prétends pas à ce qu’ils craignent, leur montrer même nos mémoires, exciter leur confiance et quelque justice s’ils ne sont pas entièrement étrangers à l’une et à l’autre, et m’assurer par cette dernière tentative s’il est possible de compter qu’ils te servissent pour cet objet seul, en les prévenant de la marche que nous suivrions avec le contrôleur général.
L’autre expédient est bien plus hasardeux : c’est de me procurer par le secrétaire de M. de Calonne une audience de ce ministre, lui tout dire avec force, comme je m’en sens très capable. Si, avec de l’esprit, il n’est pourtant qu’un homme ordinaire, ménageant tout et ne sortant pas de la route battue, nous sommes perdus : perditi ma non disperati, car je vois toujours là ta place ou les quinze cents francs ; s’il a de l’élévation dans l’âme ou dans l’esprit, que le moment soit favorable, je puis réussir. Cest casuel : je le sens, aussi je n’ose faire cette démarche sans l’aide de ton jugement ; quant à mon rôle, je le sais si bien, que je le soutiendrais devant le Roi sans m’embarrasser de sa couronne.
Tu croiras peut-être que je pourrais employer les deux expédients : tâter d’abord les intendants ; puis, s’ils sont inflexibles, aller à M. de