Calonne. Il y a du pour et du contre ; je craindrais qu’ils ne m’amusassent pour traîner jusqu’à la nomination de leur homme ; cela fait, ils pourraient continuer d’être contraires sans que j’eusse à faire valoir cette bonne raison qu’ils te craignent et en favorisent un autre ; cependant une visite pourrait suffire peut-être pour les juger et savoir à quoi s’en tenir. Dans une tête romanesque, l’idée de parler à M. de Calonne serait merveilleuse ; car, s’il arrivait qu’il saisît bien l’état des choses et qu’il goûtât l’homme, il pourrait l’adopter et l’avancer ; mais, comme nous n’avons pas de roman à faire, et oui bien à éviter une aventure fâcheuse, comment imaginer qu’un nouveau ministre qui a besoin de ménager tout le monde, qui n’a encore de plan sur rien, fasse une singularité qui indispose les sous-ministres dont il a besoin, pour favoriser un sujet que le seul bien public lui rendrait précieux, en supposant encore qu’il y vît le bien public intéressé ? En vérité, je suis au bout de mon roulet ; rêve un peu à ton tour et mande-moi ce que tu penses. Cependant, comme ta réponse ne peut me venir que mercredi soir au plus tôt, et que je pourrais aller le matin à l’audience de M. de Montaran, je ne sais si je ne m’y présenterai pas. Je verrai demain {{Mlle} de la Blz. [Belouze] s’il y a lieu, et l’inspiration fera le reste.
Notre ami est actuellement, à deux heures, chez le contrôleur général avec le prince de Poix, pour engager le premier à venir voir la machine qu’il demandait qu’on lui apportât. Je vais me chauffer, mais le voici.
Bonne affaire ! M. de Calonne ira voir la machine[1] ; mais il ne peut y aller qu’après Pâques ; ainsi le séjour à Paris s’allonge. Autre chose : Flesselles a vu une fois le secrétaire de M. de Vaudreuil[2] ; nous chercherons à savoir si c’est un homme traitable et nous tenterions cette voie, il n’y a donc rien d’avancé dans notre besogne, rien de clair, sinon que par notre principe d’aller jusqu’au bout et de tenter tous