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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/473

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à Versailles. Je n’ai rien fait pour la dédicace[1], parce que je n’avais pas ton avis que je trouve ici en arrivant. Au reste, je n’ai pas perdu mon temps et, dans tous les cas, il me faudra retourner encore à ce triste Versailles, le plus affreux des pays pour les gens que les affaires y conduisent ; alors je traiterai cet épisode.

Nous avons fait une voiture avec l’ami d’Ant[ic] et M. Flesselles. Je comptais être seule là-bas, et j’avais amené la bonne ; j’y ai été plus accompagnée que jamais, car notre ami m’a été fidèle partout.

J’ai cru faire bien, que de revoir Mme d’Arb[ouville] aujourd’hui, et pour la remercier de ce qui était fait, et pour la prier de me permettre de l’instruire de la suite et de réclamer de nouveau ses soins. Je pense que mon visage lui a paru se montrer trop souvent et qu’elle m’aurait dispensée de cette dernière visite ; une circonstance particulière et contrariante a produit cet effet plutôt senti qu’exprimé. Voilà, mon bon ami, l’état de nos affaires ; elles sont engagées de manière à obliger de les suivre quelle qu’en doive être l’issue. Il ne tiendra pas à moi d’abréger, car je ne vis plus et je ne sais comme je ferais s’il fallait encore y tenir longtemps. Toi, notre enfant, ma maison ont toujours été mes plus grands biens ; mais actuellement, je ne puis seulement goûter rien autre, et tout ce qui n’est pas cela me fait mourir. Ménage-toi, du moins, car l’inquiétude involontaire qui revient me poigner sans cesse me fait beaucoup de mal : j’ai besoin de ta santé comme de l’air que je respire. Adieu, mon bon ami, mon âme et ma vie, adieu.


P.-S. de Lanthenas :
Mardi matin.

Je vous expédie la présente, mon ami ; la chère sœur est déjà partie : il est à peine sept heures. M. D. [d’Antic] lui remit hier au soir vos deux dernières après qu’elle vous avait écrit ; elle était très fatiguée et nous l’avons quittée bientôt après, pour la laisser coucher. Dans le cas où je resterais encore à

  1. Il s’agissait de dédier soit au Roi, soit à un de ses ministres, le premier volume du Dictionnaire des manufactures, qui allait paraître. — Voir là-dessus la lettre 123, p. 364, et une lettre assez curieuse de Lanthenas à Roland (ms. 6241, fol. 266).