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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/479

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nies m’ont rappelé l’expression de petit chat, et j’ai peur qu’il ne donne de la patte. J’ai dit à M. Cott[ereau] que je désirerais voir M. Bld. [Blondel] un instant, avant samedi ; il m’a promis de le lui demander et de me le faire savoir sur-le-champ. J’étais passée chez l’Intendant[1] avant de me rendre à l’audience, il était déjà sorti ; il faut y être à dix heures ; je me suis écrite, parce que, ma visite n’étant que d’honnêteté, je suis bien aise de prendre date ; je la réitérerai à loisir. J’ai demandé au portier si Mme d’Agay était visible le soir. L’impertinent, comme sont tous ces valets à l’égard d’une femme modeste qui n’a ni attirail, ni rouge, ni d’insolents comme eux à sa suite, m’a répondu avec un sourire, que, moi, je pourrais bien l’aller voir le matin ; je lui ai répliqué fort froidement que la visite que j’avais à lui faire pouvait se mettre au soir, et j’ai remonté dans mon fiacre. Notez qu’ayant assez d’occasions de juger ce que font les apparences, j’étais descendu du Saint-Sacrement à la rue des Quatre-Fils[2], tout exprès pour prendre une voiture, afin d’être plus assurée de trouver les portes ouvertes, mais peut-être n’était-ce pas encore assez. Je te conterai de bouche une autre anecdote de ce genre, mais un peu plus forte, qui nous fournira de quoi rire et philosopher : c’est l’usage que j’en ai déjà fait.

L’ami d’Antic m’a sacrifié hier sa soirée, et son après-midi devrais-je ajouter, pour me conduire à l’Opéra[3]. Le frère, qui ne voulait

  1. D’Agay, rue de Berry.
  2. Rue qui longeait le jardin de Soubise, de la Vieille-rue-du-Temple à la rue du Grand-Chantier.
  3. Il y a, au ms. 6239, fol. 79-81, une lettre de Bosc à Roland, du 5 mai 1784, dont voici les principaux passages :

    …Je voulais vous parler de votre femme, de mon excellente amie, que je voudrais voir auprès de vous, que je désirais posséder toujours à Paris ; mais le sentiment, en pensant à elle, étouffe mes idées. Je vous aime tous deux, elle encore plus que vous, et j’ose vous l’avouer.

    Elle vous aura probablement dit que j’avais été son conducteur dans ses intrigues à Versailles, que nous avions beaucoup juré contre ce nouveau métier que nous faisions tous les deux pour la première fois. Avec la différence que l’on travaillait d’amitié pour moi, et que je n’ai pas réussi en entier ; qu’il a fallu qu’elle se fît des connaissances et qu’elle les échauffât. Je puis vous assurer qu’elle s’en tire avec une surprenante finesse ; j’ai été étonné de l’art avec lequel elle savait intéresser les individus les plus froids et faire retourner à son avantage les objections mêmes qu’on lui présentait.

    Il est dommage que votre caractère ne soit