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[À BOSC, À PARIS[1].]
Le 24 juin [1784, — d’Amiens].

Oui, nous vous aimons encore ; nous vous aimerons toujours, j’en ai la confiance ; il faudrait que vous changeassiez, bien pour qu’il en fût autrement, et vous n’êtes point de trempe à diminuer de valeur. Recevez donc, mon ami, ces franches assurances, dont je crois bien que vous n’avez nul besoin, et que je vous réitère pour le plaisir de vous les répéter. Nous acceptons de grand cœur votre commission, et nous nous en acquitterons de notre mieux. Trouvez donc quelque moyen de me faire passer la musique que M. Parrault voudrait envoyer à Londres je serais très aise de remplir aussi pour lui quelque commission ; dites-le lui pour moi, avec mille choses honnêtes et sensibles, en attendant que je les lui exprime moi-même.

Vous nous feriez grand plaisir de savoir et de nous mander ce que coûtent, neufs et reliés, le Genera plantarum et le Philosophia botanica de Linné ; nous les avons achetés, mais nous en avons oublié le prix ; il s’agit maintenant de les céder à M. d’Eu qui veut se les procurer ; nous les achèterons de nouveau en passant à Paris, pour les emporter avec nous. Je crois vous avoir mandé qu’Achate était parti de mardi ; mon bon ami s’en va samedi pour achever sa tournée sur la côte du Calaisis, et je dois partir le jeudi suivant avec M. d’Eu. Nous voilà, comme vous voyez, un pied en l’air et ne tenant plus à Amiens que par un fil. Mais Eudora demeurera encore dans cet Amiens, et Dieu sait combien il me sera cher tant qu’il recèlera ce petit être ! Que devient la chère sœur ? Santé, disposition d’âme, habitation ? Dites-lui pour moi tout ce que vous pouvez pressentir et que je ne saurais exprimer. Je vous embrasse de tout mon cœur, avec la plus vive affection.

  1. Boscc, IV, 66 ; Dauban, II, 504.