La comtesse arrive à Paris comme on arrive dans les romans, et elle m’a bien l’air d’agir avec les hommes comme s’ils étaient tels qu’on les voit dans les livres ; au reste, son oubli de l’hôtel de Lyon serait plaisant s’il n’était encore plus adroit. Je fais part de la nouvelle à notre excellent ami ; racontez-nous un peu ce que vous apprendrez par la suite. Nous connaissions le discours en question sans savoir quel était son auteur ; nous y avions trouvé de l’esprit, quelques vérités, souvent de l’emphase et de la pure flatterie, sans compter un peu de galimatias.
J’ai bien reçu la lettre de Vincennes, qui m’a fait grand plaisir ; je voudrais que des abeilles vinssent aussi dans quelques-uns de nos plafonds à la campagne, comme elles se sont logées chez le chanoine de Vincennes.
La caprification est une partie absolument étrangère au travail de M. Rld. [Roland] ; elle ne pourrait s’y joindre sous aucun rapport : cela convient absolument à M. Thouin[2].
Que devient votre ami Desfontaines[3] parmi les sables de l’Afrique ? Et le petit roi nègre ? L’avez-vous vu ? Mille choses honnêtes à M. La-
- ↑ Collection Alfred Morrison, 1 fol. Il y a 1784 dans l’original, mais c’est par une de ces distractions fréquentes au début d’une année. Les rapports de cette lettre avec celles qui précèdent prouvent qu’il faut lire 1785. D’ailleurs, Lanthenas, en janvier 1784, n’était pas docteur en médecine et était à Paris.
- ↑ André Thouin (1747-1824), alors jardinier en chef du Jardin des Plantes, mais déjà botaniste célèbre. Il allait être, en 1786, de l’Académie des sciences. Grand ami de Bosc, de Larévellière-Lépeaux, mêlé avec eux au mouvement de la Révolution, il se retrouvera dans la suite de la Correspondance.
- ↑ René Louiche-Desfontaines (1752-1833), botaniste, membre de l’Académie des sciences (1783), qui faisait à ce moment-là (1783-1785) son célèbre voyage d’exploration scientifique dans la Régence de Tunis.