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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/587

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l’herbe y pousse, puis l’eau pénètre ; c’est une misère, sans compter la malpropreté. Nous sommes à vingt lieues d’aucune sorte de pouzzolane. N’y aurait-il point quelque terre battue, combinée avec du mortier, de la chaux, car le plâtre ne vaut rien à l’eau, quelque moyen connu pour opérerr ce grand œuvre ? La terrasse de Saint-Étienne, qui est le ciment de Loriol, a tant et tant été imitée sans succès, qu’il ne faut plus songer à ce moyen. Obligez-moi d’en causer avec les Faujas, Lafage[1], ou autres semblables.

La seconde serait un moyen, bien connu à Paris, de teindre lustré, en manière de vernis, les carreaux d’une chambre. On a vu à Paris des appartements très habités, dont les carreaux étaient ainsi coloriés et vernis, qu’on ne cirait point par conséquent, et qu’on réparait seulement une fois l’an et à très peu de frais.

Il en est de ceci comme du galon qu’on donne, on n’en saurait trop prendre ; en conséquence donc, j’ai encore un, puis un autre service à vous demander. J’ai bien, comme les autres abonnés, reçu le Journal de France tant que l’année 1784 a duré, et je n’ai à répéter à cet égard si ce n’est la table, en trois feuilles, que les autres ont reçue, et que je n’ai point ; cette table m’importe fort et je désirerais tout aussi fort qu’elle me fût envoyée. C’est l’abbé Fontenay[2] qui est auteur ou rédacteur, et un autre Fontenay qui est l’expéditionnaire ; j’ignore sa demeure que vous saurez aisément.

Voici une double et fière — si long est être fier — épître, pour l’honoraire de Zach : tolle et lege, puis andate via.

Je joins ici un petit mot pour M. Audran ; il me serait bien difficile de vous expliquer positivement ce que j’attends de lui ; je lui ai demandé et j’en espère beaucoup d’observations sur la manière de faire les couleurs composées ; quelle couleur doit être placée avant telle autre, comment se font ces couleurs, pourquoi tel ordre dans les procédés, dans les opérations ; ce qui résulte en tel ou tel ras. Ainsi donc, le plus possible d’observations sur la nature et l’effet de chaque ingrédient, considéré comme agent ou comme colorant. Jc trouve moi-même tout cela très vague et je ne puis l’éclaircir que quand M. Audran, ayant fait un travail dont il paraît s’occuper depuis longtemps, me l’aura commu-

  1. Antoine de Lafage (1755-1806), agronome. — Parmi ses travaux, la Biographie Rabbe mentionne précisément un « Mémoire sur la construction de cuves, foudres et citernes en maçonnerie. »
  2. Voir, sur le Journal général de France, une note de la première lettre du 9 avril 1784. — L’abbé de Fontenay (1737-1806) était un jésuite lettré, connu aussi par son Dictionnaire des Artistes