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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/670

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rets : die sommeille sans cesse et est fort triste ; je viens de la mettre dans son lit.

6 heures et demie. — Adieu encore ; aie bien soin de toi.


222

[À ROLAND, À LYON[1].]
Dimanche au soir, 9 avril 1786, — [de Villefranche].

J’ai reçu ta lettre de vendredi aujourd’hui, à midi, avec un double plaisir, mon bon ami, car je n’en espérais plus que pour demain au soir.

Je suis bien aise de te voir au courant de tes affaires, dans l’activité et, à la fois, les distractions qu’elles occasionnent. Je ne manque pas non plus ici d’exercice ; mais ce n’est pas au bureau ni dehors que je le prends. Notre Eudora a gardé sa fièvre, elle a même pris des redoublements ; la médecine d’hier l’a menée prodigieusement avec coliques et abattement extrême ; à dix heures du soir, la purgation agissait encore : j’en ai adouci les suites par un lavement. La nuit a été orageuse ; nous l’avons passée moitié debout, moitié couchée. Point d’apparence de petite vérole ; des excréments d’une odeur putride, toujours quelques coliques ; enfin, à midi, le pauvre enfant a rendu un ver de près d’un quart de long, gros à proportion ; je ne présume pas qu’il ait été seul, et nous repurgerons demain. Si l’état d’aujourd’hui avait empiré, j’aurais craint une fièvre putride ; mais le médecin, la sœur de La Chasse ne le redoutent pas et n’y voient qu’une fièvre d’humeurs et de vers. La petite est déjà si faible, que c’est une masse à remuer ; je mets son lit au cabinet dans le jour ; je la mets parfois sur mes genoux pour la changer de position, et, les boissons et le reste, le temps se passe et se remplit. J’espère que nous nous en tirerons heureusement. Voilà notre état, mon bon ami, peut-être comporterait-il que je t’en parlasse

  1. Ms. 6239, fol. 148-149.