plus légèrement et avec plus de gaîté. Mais c’est Eudora qui souffre, et j’ai besoin de courage pour ne pas m’alarmer.
Je t’envoie les deux dernières de Lanthenas ; elles en supposent deux intermédiaires dont je n’ai nulle nouvelle, pas plus que des trois premiers numéros. Il parait qu’il y était fort question de la demoiselle ; mais rien n’est venu, et je ne sais de remède à cela que de se consoler.
Comme tu le dis fort bien, la madre n’a pas besoin de caresses pour sa santé ; elle a grondé hier le chanoine, mais grondé, boudé, crié d’importance ; ils étaient en tête-à-tête ; avec sa douceur, le chanoine n’a pas laissé que de se bien défendre ; et nota que cela venait un peu à mon occasion, parce que, durant le dîner, je l’avais priée de garder pour elle une reflexion dont elle me fatiguait. Il est résulté de cet ensemble qu’aujourd’hui j’ai eu sa visite au cabinet ; elle y est venue d’abord avec Mme Perrin, y a passé seule avec moi le temps des vêpres et ne s’en est allée que lorsqu’on est venu la chercher pour recevoir sa compagnie.
Depuis que j’ai commencé la présente, j’ai reçu la visite de M. Pezant[1], visite fort amicale ; il m’apportait un livre et m’a beaucoup fait rire de l’histoire d’une demoiselle de cette ville qu’on dit avoir en un jour répété deux fois les sept allégresses de la Vierge ; ce sont les deux jeunes gens, dont l’un travaille le matin et l’antre le soir, qui se vantèrent de ces hauts faits, etc.
Mme de La Chasse est revenue nous voir, et nous avons donné à l’enfant un peu d’huile empyreumatique ; je vais maintenant lui adminis-
- ↑ Jean-François Pezant, né à Villefranche en 1718, mort dans la même ville le 21 avril 1801, ancien avocat du Roi, alors maire de Villefranche (en 1786). Personnage considérable, partisan des idées nouvelles, nous le trouvons en 1788 procureur-syndic de l’Assemblée provinciale du Beaujolais, en 1790 membre du Directoire du département, en 1790 président du tribunal de Villefranche. (Voir sur lui Wahl, p. 169-171, 279, 376, 425.) Il sera question de lui dans la suite de cette Correspondance (Lettres à Bancal, de 1790 et 1791). — Il était un des deux secrétaires perpétuels de l’Académie de Villefranche, où il avait été élu en 1744, et faisait des vers, insérés dans les recueils du temps (Catal. des Lyonnais dignes de mémoire).