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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/691

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J’ai besoin de la campagne ; je n’ai pas mis le nez à la rue depuis que tu es parti ; j’ai repris mes cheveux à l’anglaise ; je me soucie de tout Villefranche comme d’un zeste, y compris la madre ; je ne m’inquiète que de toi et n’ai envie que du bon air.

Adieu, ménage-toi et donne-moi de tes nouvelles. Je t’embrasse de tout mon cœur. Sauf réavis, je ne t’écrirai que pour vendredi. Ta petite diablesse fait la mignarde, cause de papa et me prend par le nez.


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[À ROLAND, À PARIS[1].]
Le lundi au soir, 8 mai 1786, — [de Villefranche].

Je reçois une pacotille d’arrêts : celui du 8 mars en grand in-folio avec un beau vu de l’Intendant ; je ne sais que faire de tout ce papier ; mais je t’expédie les lettres, parce que l’on en demande un accusé de réception. J’avais envie de le faire, comme de toi, et de le signer idem ; mais cependant le feu n’y est pas, et cela peut attendre. Il faut réserver l’expédient pour occasion plus instante. Je ne reçois pas de Journal polytype[2]. Tu vois que le pauvre Chaix demande toujours à voir clair, en dépit de M. de Montaran et de son évidence.

Chaix me mande qu’il a reçu deux fioles, dont l’une s’est cassée, qu’il a su qu’elles venaient de M. Gosse et qu’elles avaient été prises chez Teissier ; il a été chez celui-ci et a fait remplacer celle qui était cassée. Mésaventure qui me fâche par la crainte que les doses ne soient plus proportionnées de la même manière.

  1. Ms. 6239, fol. 162. — Le ms. porte « lundi au soir, 5 mai ». Mais le 5 mai 1786 était un vendredi. Il faut donc lire « vendredi 5 mai » ou bien « lundi 8 mai ». Cette dernière correction nous paraît la plus vraisemblable. La lettre semble avoir été expédiée quelques heures après la précédente.
  2. Le Journal polytype des Sciences et des Arts (1784-1786). — Le privilège de cette feuille, accordé la 15 décembre 1784 à MM. Hoffmann père et fils, inventeurs du polytypage, leur fut retiré en 1786, « considérant, dit l’arrêt du Conseil, que, depuis le mois de janvier, ils avaient cessé la distribution de leur journal » (Hatin, Bibliographie, p. 51-52).